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Articles - Page 4

  • Journée de toutes les Femmes...

    Ingres 1814 " La Grande Odalisque"

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    Que de générosité à l’égard de la gent féminine ! Aujourd’hui, hommage à  la Femme,  donc au désir… Quelle part incombe aux  hommes. ? Un bouquet de fleurs, un dîner raffiné et  intime ? Un baiser un peu plus fougueux que d’habitude ?

    Toutes les femmes au monde méritent ce titre honorifique d’être La Femme, non pas, une parmi tant d’autres, mais unique. Une fleur, une déesse, une maîtresse, une épouse, une mère, une carriériste, une amie, une aventurière, une putain, une lesbienne, une garçonne, une féministe même… Toutes ces appellations se valent pourvu qu’on n'en oublie la définition.

    Les femmes au grain de beauté coquin, au maintien imparable, celles dont  on peut admirer la beauté classique du XVIIIème siècle, « L’Odalisque » de Ingres,  ou celles photographiées sur papier glacé, répondant aux diktats d’un prêt-à-porter bien souvent importable ; celles à qui l’on voudrait toutes ressembler, puis vient la véritable femme, l’Actuelle,  représentante d’une époque où le mot polyvalent  prend tout son sens…

     

    Pour rien au monde je ne voudrais être autre chose que de la féminité décuplée. Quelle magistrale appellation que celui de femme ! Auguste épouse ! La société a quelquefois relié la femme comme étant l’autre face de l’homme, ou la moitié. Pour ma part, je dirais que sans hommes, nous perdons toute aisance esthétique, et que sans eux, il fut peu probable, voire impossible de vivre pleinement notre féminité. Malgré toute la tolérance dont je fais preuve, non, je ne suis pas féministe, je persiste à  éprouver de la difficulté même,  à comprendre ce mouvement, cela m’insupporte, mais la femme tient une si grande place au sein du foyer, qu’elle pourrait parfois, (presque) se passer de ces illustres personnages que représentent les hommes. Même sexuellement, notre corps et notre intimité sont faits de telle sorte, que nous pourrions exister sans ces messieurs, auxquels je porte une affection infinie. N’allez point en douter.

    Il est cependant fondamental de ne pas oublier quelques guerrières, telles Simone Veil, Simone De Beauvoir,  Françoise Giroud, ou encore Gisèle Halimi sans lesquelles, nous serions encore à l’âge de pierre. Respect évident à ces battantes, pour leurs luttes menées avec succès, itinéraire d'un progrès certain grâce à des Femmes libres, des icônes, des femmes d'exception. Quant une véritable parité, j'ai des doutes, et, il nous faudra encore faire tomber bien des barrières.

    Une femme, c’est de la grâce, de la douceur, de la finesse, une pierre précieuse, une pierre de lune, une aventurine, quelque chose comme ça. Un sourire, une caresse, une passion hors du temps, une dame pour longtemps. Malgré le temps qui passe, une belle femme gardera sa prestance. Et quand bien même? A ce jour, cette volonté excessive du non vieillir, dont je fais partie, sans honte et sans regret, accroît la difficulté pour nous d’exister, au sein d’un consortium de la représentation qui,  à chaque jour n’en finit pas de nous discréditer, pour peu que nous ne soyons pas la perfection représentée, et quand bien même, oui, il est ardu d’être belle et de le rester, le temps passant. De plus, la conjoncture actuelle faite de  fracture sociale, ne fait qu’ajouter à la difficulté...Avoir les moyens requis pour entretenir cet éclat originel. Ces femmes actuelles sont méritoires, méritantes et louables. Toutes celles, qui en plus d’exercer un métier, s’occupent également de leurs enfants, de l’intendance du foyer,tout cela en continuant d’être l’épouse de l'homme avec lequel elles partagent leur vie.

     

     

    Jules Barbey D’Aurevilly clôturerait le texte par cette phrase à l’élégance rare : « Etre belle et aimée, ce n’est qu’être femme. Etre laide et savoir se faire aimer, c’est être une princesse. »

    Je me permettrais de rajouter ceci, "La femme est l'âme du foyer."


    Bonne fête Mesdames.

  • Dualisme.

    Comme si je tournais le dos à une vie qui n'était pas la mienne, d’un temps présent dont je ne contemplais que la beauté, je jouais le jeu de la vérité en me noyant dans les profondeurs d'un goulet abyssal, faisant le lien entre deux pôles, en touchais quelquefois le fond, in fine remonter à une surface où je jouais parfaitement mon rôle de femme heureuse. Le bonheur était ce don que je n'avais jamais eu, cet état phénoménal dont je ne savais que les fugues ou les fuites.

     

    Cet état, si souvent inhérent aux personnes à l'âme créative, j'en aurais  bien vendu les reliquats, quelques années de mon existence même, pour atteindre une vitesse de croisière, sorte d'instant T où tout est linéaire, équilibré et normal, état intermédiaire où tout va bien et où cela semble le plus homogène du monde, tant et si bien que l'on ne saurait y prêter attention. Cela perdurait depuis toujours. Seuls les jougs ardus et ardents des paradis artificiels  m'avaient fait passer derrière le miroir, ce miroir trouble et troublant, ce miroir aux alouettes, là où l'on se sent anormalement bien, sur en vie, pour que cette euphorie ne soit pas mensongère et trompeuse. Mais, quelles heures insoumises, aux éclats si impurs, ne laissant la place qu'à de pléthores spécieux, stipendié par de funestes péroraisons. On ne guérit jamais de tout ce merveilleux carnage, stipulant un besoin perpétuel, comme un trou béant à jamais ouvert, tout au mieux ponctué d'états de grâce. Impasse, tunnel balisé de quelques brèves éclaircies. Le tempo à été donné, il faudra faire avec cette sensation, ce rythme effréné, exalté et furieux, cette cadence lancée à vive allure, comme prise au piège d'un manège similaire aux montagnes russes, récurrentes et certaines. Ascenseur, formule un, circuit court-circuité "à toute allure", mais rarement à tout à l'heure. À quand la ligne d'arrivée? On monte, on descend, on accélère, on freine, certes, mais avec excès. On s'arrête parfois mais les forces vives, elles, ne durent jamais. Il faut bien comprendre le mécanisme du système cérébral. Il y a là une certaine logique, lorsqu'on apprécie quelque chose, quel serait l’idiot ou le saint qui n’aurait pas tendance à en abuser? Le commun des mortels a toujours en lui des vices, alors, dépasser les limites, au diable les prescriptions, la posologie, les contre-indications, le plus, toujours et encore, jusqu'à la l’extrême limite. Mais justement, quelle est-elle cette limite? La mort sans doute. Qui peut le dire? Dieu, ce tout puissant, décideur d’un destin romanesque dont on n'est qu'un pion sur l'échiquier, voilà, lui seul sait et décide de cet avenir, à venir, ce futur à plus ou moins brève échéance. On connaît la chanson, mais le mystère reste entier et insoluble.  Toujours plus d'émoi, ne laissant que peu de place, hélas, aux autres. Recherche perpétuelle d'extases au delà de l'insoumission, perdu d'avance.

     

    À chaque solitude suffit sa flamme. Être, dans son sens le plus métaphysique qui soit, n'exister que dans la passion. Qu'elle soit qualifiée de Bien ou de Mal, prompte à une vie de bacchanale ou d'écrivain, à moins que les deux ne soient compatibles, voire indissociables. Si toutefois, il est un état stable et linéaire, oserais-je dire invariable, n’exister que dans la loi pernicieuse de la démesure, toutes fois confondues, et dans une dualité incontestable entre l’estime de soi, et une volonté de puissance. 

     

     

  • Beautés plurielles, chef d'oeuvre éternel, sous le ciel vénitien...

    Décidemment le temps et le climat influaient sur la spécificité de mon humeur, de mes tumultes et  de  leur résonnance. Il était une fois un regain de froid et d’hiver, où la volupté du soleil chaleureux s’était à nouveau assoupie. Le gris du ciel ne m’inspirait point. Des images des couleurs, des tableaux, quelques illustrations, ou  dessins, rendraient à mon âme tout le lyrisme nécessaire à la sublimation de l’art. Je pensai alors à Venise, à ce voyage immobile où quelques peintres m’attendaient dans les couloirs du temps, au détour du palais Sagredo  ou de l’église Saint Aloise à la magie de fresques superbement éclairées. Tout ceci vous transportait dans différentes époques, au début du vingtième siècle, époque néo byzantine, où Klimt colorait ses femmes sublimes, telles que Judith ou Salomé. La luxuriance de l’Orient se mariait avec l’occident, tambour battant, c’était le rendez-vous des turbulences artistiques, magiques et passionnées. Tel mon cœur saturé de petits bonheurs en grandes espérances, je suivais à la trace ces richesses d’un autre temps, je remontais les chemins de traverse, arpentant les rues vénitiennes où des siècles d’histoire se cachaient au détour d’une Transfiguration leTitienne,  autre lieu, autres temps, autres vies. Comment résister à un Casanova démasquant ce site à l’onde imperturbable, ou un Carpaccio, un Antéchrist à Torcello, figures emblématiques vénitiennes.

    Tous ces trésors cachés, il fallait les percevoir, les chercher, puis les admirer. Le Palais des Doges, vu de nuit, dont la lumière ocre et dorée se confondait majestueusement au son du clavecin d’un prélude de Vivaldi. Infiniment et pour longtemps. Les moments les plus fabuleux avaient leur lieu, et cet endroit là, résonnait dans ma tête, le cœur aux couleurs secrètes se déféraient au fil des gravures que j’avais sous les yeux. La casa Torres, conçue dans les années 1910, résurgence d’une inspiration nouvellement évoquée. Un concerto de Vivaldi, Goldoni l'élève à l'insolence certaine, la gravité de la musique de Monteverdi, ou bien celle de Da Ponte et Les noces de Figaro, Mozart n’est pas bien loin.

     Véronèse dit un jour : « Nous les peintres, nous prenons les libertés que prennent les poètes ou les fous. » Cette sentence résume bien des textes descriptifs. « La Montée au Calvaire » du Tintoret, La conquête de San Rocco, tout n’est qu’opulence à La Scuola Grande di San Rocco. Autre temps, autre époque, autres amours, qu’il suffit de faire résonner, revivre de temps en temps, quand les périodes maussades viennent  refaire surface, se plonger dans les eaux troublées d’une Venise grandiose, et pourquoi pas s’y noyer si nécessaire, pourvu que l’on soit ressuscité par la  grandeur et la candeur de tous ces chefs-d’œuvre, qui  ne nous laisseront jamais disparaître de la surface des art mateurs. "Vedere Venizia e morire"...

    Bon voyage à la faveur de la sérenissime…

     

     "Déploration du Christ" Le Tintoret (clair-obscur)

     

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  • Nuit et jour... Mes nourritures célestes et terrestres.

    Une heure du matin, des trombes d'eaux sur le toit soudain m'arrachent à mon sommeil. Il pleut averse, enfin un semblant de déluge. Depuis ces derniers jours, on pouvait sentir l'aridité d'une terre jaunissante par un soleil inaugural et intense. L'herbe mouillée donnerait plus tard, le foin nécessaire aux animaux. Il fallait qu'il pleuve beaucoup. Le tonnerre grondait tel un animal féroce. Impressions belliqueuses. Bruits terrifiants. Vents forts et pluies ravageuses… Quelque chose semblait être sur le point d'exploser, puis sentiment de réconfort d'être à l'abri. Je pensai alors à ces moments de guerre pendant lesquels nos grands-parents meurtris par la terreur devaient se terrer. J’esquissai dans ma tête ce que pouvait ressentir tous ceux qui n’avaient pas choisi d’être sous les bombes, à chaque canonnage, quelle devait être leur peur. Indescriptible. Oui, les éclairs et ses bruits de fureur me laissaient imaginer cet espace dans le temps, cet abominable interstice qui dû laisser bien des séquelles. Tout raser pour tout reconstruire, que de temps perdu que la folie des hommes. Je cherchais dans mon tréfonds le pourquoi de tels actes. Un élément bien précis me chagrinait, comment des hommes pouvaient-ils obéir à la volonté de quelques diktats ? Cela me laisse perplexe quant à la question de l’âme humaine. A ce sujet, Oscar Wilde disait que « Quiconque a étudié l’Histoire sait que la désobéissance est la vertu première de l’homme, et que c’est par celle-ci et la rébellion qu’il a progressé ». Je vous laisse apprécier… Les abolitionnistes, eux seuls peuvent nous être d’un grand secours. Ne soyons plus des moutons, et mettons en mouvement et en pratique nos souvenirs à ce propos. Il est essentiel que tout cette Histoire serve à nous faire avancer. Ne plus se complaire mais aller vers une véritable subversion. Facile à dire, mais, si complexes sont ces colossales croyances.

     

    A défaut de transition, je file droit vers la digression, me suivez-vous ?

     

    J'attendais et préparais le moment où je serais vraiment indestructible et heureuse. Je suivais, je le pense le bon chemin.

    Cherchant autour de moi  les plus beaux sites d'une région dont je commençais seulement à percevoir la typique réelle des lieux mystiques, les pierres séculaires, les arbres millénaires, les sentiers escarpés et ombragés, les rivières claires et torrents rugissants, et si je faisais preuve d'un incroyable courage, c’est que tout cela m'était encore partiellement inconnu, et que je débordasse de vitalité et de volonté, c’était pour m'unir au concave de cette nature et de ces paysages panoramiques qui s’offraient à mon horizon. Certes, il fallait parfois marcher des heures, bâton en main, crapahuter sac à dos, essoufflée mais heureuse. Je rapportais quelques belles images de ces endroits que je parcourais, parfois même dans une solitude aimable car choisie. Il me fallait fermer les yeux quelquefois, l'espace d'un instant afin de vérifier mon équilibre, apprendre à me repérer dans les bois, parmi des illustres sapins, chênes, épicéas ancestraux, tilleuls ou châtaigniers. Sans parler des rocailles, des éboulis dont je pouvais dévaler la pente selon l'inclinaison. Parfois je m'étendais sous un ormeau balançant ses branchages, pourvu de feuillages encore nouvellement nés. Je reprenais un souffle court, puis repartais de nouveau vers les cimes souvent inachevées. Mon corps engourdit reprenait vie tout au long des ces allées. J'avais la sensation de traverser les âges. Parfois, des phrases ou des mots, à la description précise résonnaient en moi, et j'aurais du casser la cadence de mes pas pour pouvoir noter ces bribes de vie. J'apprenais ainsi le repérage, la mémoire, retenir jusqu'à mon arrivée les points nodaux, prédicats de ces instants passés avec lesquels je fusionnais littéralement.

    Le langage de la nature s’approfondissait en moi, et tel un « Promeneur solitaire », je m’étourdissais d’air pur, d’herbes joyeuses, de senteurs de terre imbibée et musquées, de tout ce qui fait un ensemble des renfoncements encore méconnus de notre magnifique courant tellurique. Tout ce qui ne finira jamais de nous émerveiller pour peu que l’on s’y penche, cela est infini, visionner avec attention chaque parcelle du sol, et renaître comme dans un film à la vie sauvage et éternelle, pour nous sauver.     

  • Printemps, l’Éclaircie...

    Les senteurs boisées et épicées de la campagne accompagnaient  cet hymne à la beauté, sur lequel le printemps débutant venait de lever le voile. Ce spectacle là valait bien tous les opuscules du monde, et, prise entre terre et ciel, mes sens étaient exhortés  et entre- deux planètes sublunaires. Quelle splendeur que la résurrection de cette magnifique saison. Le printemps, le renouveau, le reviviscent, naître à nouveau, vivant en osmose totale avec La nature, le sublime sous mes yeux, je reprenais de l’amplitude, je renaissais à la littérature, à la magnificence des livres que je parcourais avec férocité. Il y en avait (presque) pour tous les goûts.

    Sur ma table de chevet encombrée, du Sollers à  grande échelle, bons nombre de ses livres y siégeaient pour mon plus grand bonheur. Il y avait aussi Thomas de Quincey et ses souffrances opiacées, ou encore Rilke ou Goethe pour leur poésie si épurée. Puis, s’en vient Artaud et Van Gogh alimentant un besoin avide de connaissances. Tous les domaines établissaient leur nid au creux des jougs, des addictions  pléthoriques du Savoir sans fin.

    Je devais remercier Sollers pour ses encyclopédies à nulle autres pareilles, mêlant plaisirs et connaissances, savoir et recevoir. Je lui dois beaucoup. De livres en livres, je n’en finirai jamais d’apprendre et de m’enrichir de ses sciences infusées, très très aromatisées. Que voulez-vous, cet auteur est  un magicien, qui non content de ses précieuses curiosités, porte en lui la magique déflagration de vous faire voyager par je ne sais quelle potion dont lui seul détient la recette et porte l’estampe, le sceau dans la paume de ses mains. Je pourrais énumérer ses préférences, je les connais sur le bout de mes doigts : La Chine, les Papes, Paris, Venise, la Grèce, puis ses auteurs et peintres ô combien affectionnés, tels que Homère, Stendhal, Voltaire, Nietzsche, Artaud, Baudelaire, Rimbaud, Châteaubriand, Sade, Casanova, Saint-Simon, Picasso, Manet, irréductiblement, Fragonard, et j’en oublie tant la liste est longue. Pendant que je recherche tout ce qui me fait défaut, j’apprends dans la «  Guerre du goût » tout l’Art du monde en un seul livre. « Eloge de l’infini » est vraiment infini. Tout cet art vous affranchit et vous fait avancer sur la grande échelle de l’érudition tonitruante, assourdissante, déployée et vivante. Lire Barthes exprimer son admiration pour « Paradis I et II » entre-autres. Ouvrage sans ponctuations  ni majuscules. « Aller à l’essentiel »… Cela est majeur. Ecouter un rondeau de Bach,  Haendel et son Messie, ou encore Haydn et ses Surprises militaires vous émouvoir, ou encore le Requiem de Mozart, cela est essentiel, comme la voix de Cecilia Bartoli au lyrisme parfait, dirait-il. Tout cela monte aux Cieux...Majestueux. 

    Donner aux lecteurs l’envie de vivre, de savoir, d’apprendre, de vous surprendre quelquefois lorsqu’il parle d’amour… cela n’appartient qu’à lui. Il est le feu d’une doctrine concupiscente, sensuelle et avec suites. La musique classique ou le jazz, rien ne le laisse froid. Cette volonté du bonheur, si déficiente chez des écrivains pourtant magistraux,  Sollers, lui, est le chef d’orchestre d’une sonate au clair de lune sous une tonnelle ou une véranda à Venise, le Bien et le Juste, il en fait son affaire. Les affres de la vie ? Il n’en a que faire, cela l’indiffère, il ne le digère pas. Tandis que d’autres aiment à se perdre, lui, s’est trouvé depuis longtemps déjà. Apprendre la vie, oui, avec Ph. Sollers, on s’initie en s’amusant. Je suis sûre d’une seule chose, c’est que je n’en aurai jamais fini avec cet extravagant personnage, citant quelques vers de Baudelaire, et, éclaircissant tout ce qui jaunit. Le passé n’est jamais une question de mode. Tout est retranscrit au goût du jour, et cela avec l’amour des mots, le style, lui, l’a dans la peau, dans l’évanescence des mots, sémiologiques et authentiques. Ses anaphores et ellipses sont des grains de beauté imprimées sur ses pages raffinées. Infiniment et pour toujours, Sollersienne. Sans tambour ni trompette, mais à la lueur de la clarinette ou du hautbois, de ses fugues ou de ses rigodons…Allons bon, voici Vivant Denon et ses lendemains rendus !

  • L'air, le vent, la nature et les chants...

    Je suis l’air, le vent, la musique et les champs, tout ce qui fait respirer plus fort,  entre dans mon corps, me caresse, me surprend, me ravive. Après le froid, s’en revient la saison joyeuse, la saison des amours, celle que je parcours toutes voiles dehors.

    Les routes sinueuses régénèrent  tout l’eudémonisme dont je suis la courtisane insubmersible, la fugace dérobade d’une nature revigorante. Les sapins, les roches, les hauteurs, les grands espaces n’en finissent pas de m’intriguer, et j’observe, je sens, je ressens, je vois, j’écoute, je suis. Je lis dans la nature comme dans un livre, ce même livre dont je m’enivre à chaque coup d’alizés.

    Je rentre, et j’entends, Bach me saisie, la dérobade, la sonate au clair de mes jours paradisiaques.

    Oui, j’aime la vie, et quand elle fait des rigodons, je fugue, je me dérobe, je suis saisie. Merci Haydn, Haendel et Jean-Sébastien, Dieu vous le rendra …

    On m’écrit, en secret, je suis la destinataire des gens qui s’intéressent à ce blog tant aimé, mais en secret. Les personnes parlent plus librement, et j’adore ça. Je leur dit merci, même à celui pour qui « The Artist » ne vaut pas grand-chose, pour un poète, c’est dommage, ne pas percevoir la poésie dont soupire le film… Mais tous les goûts sont dans la nature.

    Vivre, être, lire, (beaucoup) , avec cette passion dévoreuse d’âmes, puis, écrire. Toujours plus haut, avec le lyrisme qui s’ensuit, et cela, pour le restant de mes jours...et de mes nuits.

    Photographier sa vie, et la lumière submersive qui l'accompagne.

  • Cinéma.

    art,cinéma,film,artiste,chien,the artistMes lecteurs n'aiment pas lire mes peines. Ils me "veulent" toujours joyeuse, gaie, enjouée, pourvue d'une vivacité spirituelle et puis c'est tout. Mes humeurs et états d'âmes, je dois les taire, chut, assez de tristesse sur les ondes, conséquentes à une conjoncture en occurrence atonique.

    La preuve est donnée, justifiée par le résultat de "The Artist", pourvu de critiques dithyrambiques et tant méritées, pour cause, quel émerveillement ! Je suis encore transportée dans un passé si présent, et si précieux, là où le raffinement avait encore un sens. Suivant le regard de la caméra filmant le savoir faire incontestable d'un acteur à la prestigieuse vélocité, digne d'un Charlie Chaplin ou d'un Maurice Chevalier. Durant quelques secondes on croirait voir Ginger Rogers et Fred Astaire réssuscités, faisant des claquettes,  carillonnant dans nos têtes!

     Il y a les films, puis un jour, un autre, hors norme, toutes catégories confondues vient vous emporter une heure et demie sur une autre planète, dans un autre monde, plus humain au demeurant, et qui n'en finit pas de nous sourire, et nous laissant cois. Vous pleurez, vous riez, vous doutez de la suite des évènements, mais vous êtes vivants. L'humanité toute entière devrait remercier ce réalisateur,ainsi que toute l'équipe au talent incroyable. Film reconnu d'intérêt public, cela devrait être souligné. Que du bonheur…, Non, trop facile à dire, raisonnement factuel qui vous laisse perplexe, des adjectifs? Nuls mots pour définir les émotions procurées par ce super métrage. De la pellicule de soie, des fils d'or brodant un scénario plus que parfait. Des acteurs libres d'aimer, de jouer, de rire et de danser sur la scène des studios des années trente made in Hollywood. Le cinéma parlant n'a plus qu'à se taire, laissez nos sens visuels tracer nos émotions les plus pures qui soient se remettre le plus naturellement possible au gout du jour. Requérant une concentration certaine et obligatoire malgré nous, malgré tout. Un chien dont je suis tombée amoureuse n'a pas fini de me surprendre, malgré une retraite bien méritée. Je vais revoir et revoir jusqu'à plus soif ce chef-d'oeuvre. Uggie le magnifique, l’incroyable talent d’un Animal, à l’intelligence bien plus acérée que nombres d’individus.

    Que la vie est belle en Cinémascope et en noir et blanc ! Le passé, loin d'être dépassé s'en revient vous transférer dans un ailleurs tout près du coeur, vous rendre ses sentiments, loin d’être muets, et paradoxalement, sans paroles, si évocateurs, si révélateurs. L'Artiste est de l'Amour, tout simplement, et encore de l'Amour. Le mime vaut tous les idiomes du monde. Le jeu des acteurs, l'ampleur du savoir-faire, le Talent, le vrai, l'unique, tout cela est  rendu. Trop court. De toute façon, trois heures n'auraient pas étanché la soif de bonheur et de gaieté dont nous avons besoin. « The Artist », incontestablement et pour longtemps, the only one!

  • Aide-toi ...

    livre,écrire,mots,vie,amour,peine,joieFuneste soliloque où les pensées les plus pernicieuses qui soient, vous dévorent sans savoir très bien, qui l'on est, où l'on va. Non, je ne saurais me complaire dans ces instants où l'on se sent perdue, je persiste à croire que le soleil brille et brillera encore longtemps, à travers l'écriture, à travers l'intelligence dont je suis l'élève assidue pour le restant de mes jours. 

    "Quand on a que l'Amour", chantait Brel, c'est un peu mon cas. Un peu beaucoup. Je ne suis qu'un cœur démesuré qui bat au rythme de mes amours présentes et au passé imparfait. J'emploie le mot amour dans tous les sens que celui-ci est censé représenter, celui de l'homme avec lequel je partage ma vie,  mais aussi celui de mes chers parents. Trop de sentiments dévorent mon âme, et cela ne saurait s'amenuiser avec le temps. Oui, j'ai eu des amants, sorte d'exutoire, que je pris pour de l'amour, à chaque fois, passionnément, oui, j'ai cru un instant que l'on pouvait aimer au pluriel et ce pour longtemps.

    Je me suis évidemment perdue, et mon cœur saigna à chaque fois, me laissant une plaie béante, ou mal cicatrisée. Pas de date butoir à une guérison péremptoire.

    Si aujourd'hui, je ne vis plus que pour un seul homme, c'est que je compris, trop tard hélas, que l'amour ne se conjugue pas au pluriel. Cela m'aurait évité bien des désagréments, mais je ne regrette rien. Mon bonheur fut si grand pendant ces jours-là, qu'il aurait été un leurre, un acte manqué de ne pas les avoir vécu pleinement. Certes, cela est ambitieux autant qu'égoïste, et il n'en fallut de peu que je me perdisse totalement. Dieu merci, l'homme de ma vie n'en sortit point, et de tout cœur je lui dis merci.  Que serais-je sans lui? Une âme errante aux enfers illusoires, une femme vieillissante auprès de ses animaux, que je chéris chaque jour davantage. Je ne le dirai jamais assez, sans eux mes jours seraient encore bien plus menacés qu'ils ne le sont. Ces être-là sont la prunelle de mes yeux. Ils le ressentent, et je redoute atrocement le jour où, ma chienne, âgée de douze ans déjà, devra nous quitter.  Parfois, je songe même à la taxidermie. La garder à mes côtés,  cela justifierait-il un tel acte?  Tout cela est très personnel, mais je ne me projette pas sans elle. Je ne vis pas l'instant présent, carpe diem, connais pas, ou plutôt ne sait pas, ne peux pas. Pourquoi anticiper sans cesse un futur dont je redoute les aspérités, les affres, les insurmontables douleurs de la perte de ceux qu’on aime? Je suis faite comme cela, mon cœur ne m'appartient pas.

    Allez, au diable les peines! Je ne suis pas si malheureuse que je veux bien le dire, mais je mens, refusant de vous ennuyer avec mes états d'âme. Un peu tard, il est vrai.

    Changement de décor, éclaircie soudaine, joie certaine. Après les traits d'un visage hâve, se dessine un portrait coloré, au sourire révélateur de par son apaisement, gaie et enjoué de bonnes nouvelles étonné. Je suis un instant Berthe Morisot, à la chance inouïe d’avoir été l’amoureuse d’un Manet turbulent, mais ô combien doué et au savoir faire incontestable.

    Voilà, ce qui est génial lorsque l’on écrit, on retrace sa vie, puis, on efface, on oublie ce qui fait mal, en un éclair, tout s’éclaire. Un tableau, une image, un air de musique et nous revoilà partis sur des chemins joyeux, aux antipodes d’un tragique sulfureux, au milieu de boisements et de clairières pressentant le printemps, la reviviscence des sens. On se sent léger, on écrit, on écoute, on ressent le bon côté de l’existence. Volonté divine, aide-toi et le ciel t’aidera, je ne connais meilleur adage, que ce merveilleux présage.

    Par le truchement d’une déflation venteuse, me revoilà, le sourire aux lèvres, plus prolixe que jamais, sans menace je suis à la trace les nuages qui s’esquivent, et forment dans le ciel des alliances superbes, aux formes insolites et inspiratrices. Et tandis que s’en revient le grand air, je décide d’aller respirer ce dont la nature ne finira jamais de nous gratifier. Émotions en plein soleil, je suis l’être qui à la faveur de Dieu, s’en revient vous dire qu’il fait à nouveau beau dans son cœur et dans sa tête.

     

     

     

  • Picasso...

    "L'art est un mensonge". Picasso


    La mélodie, le mouvement, la lumière, les évènements dressent devant nos yeux le plus beau des spectacles, le plus vrai des mensonges. La lumière d’une photo, celle d’une peinture, nous renvoie comme elle peut, au paradis de ceux qui n’ont que leur art pour exprimer ce qu’ils sont.

    A ce propos, la peinture et la photographie sont étroitement liées. Je ne dessine que ce que je photographie… La photo est un dessin, c’est ainsi que je la perçois. Quand dans mon objectif, tout devient subjectif, j’appuie sur le bouton qui fait clic, et devine la ressemblance de mes images avec lesquelles je n’ai pas de distance; alors, la littérature n'est qu'un songe, un mensonge, une vérité rudement bien habillée....

  • Extrait IV

    livre,écriture,vie,passage,enfance, SethL'ineffable, l'indicible, ce qui ne peut ni ne doit être raconté, il faut le masquer, le maquiller de manière à le rendre moins noir, moins ennuyeux à la lecture, et ne pas être trop violente.

    Voici la raison pour laquelle, il m'arrive de ne pouvoir écrire, ma vérité est trop forte, je dois apprendre à adoucir la chose. C'est là que commence alors la véritable histoire du livre. Ce serait trop simple sans tout cela. On ne dit pas ses émotions à brûle-pourpoint, non, on les occulte jusqu'à épuisement d'un mensonge relatant des faits réels, on enjolive, on brode (très peu), mais on colore. Pour se faire comprendre et pour ne pas ennuyer le lecteur, on passe des heures à lire, effacer, relire, corriger, et ainsi de suite. Alors les faits deviennent plus objectifs, plus subjectifs aussi parfois, mais qu'importe, celui qui tient la plume se doit d'être diplomate, de ménager ceux qui seront les témoins de cette vie que l’on met en exergue.

    La brutalité dans le langage est l'ennemie de la vérité. "Émotions censurées" chantait Baschung. De plus, on écrit uniquement sa version, raison supplémentaire pour faire diligence. Ne pas tout jeter en pâture, faire un tri méticuleux et contraire à l'ostentatoire. Sous peine de résultat indigne. S’étendre sans se répandre. Se pencher sans trop s'épancher.

    Tout cela fait partie de la rhétorique, la théorie, la glorieuse, celle qui est facile d'écrire, puis  vient le moment ou cela doit être mis en forme. C'est que l'on appelle la pratique, celle qui conduit le  narrateur à se creuser doublement la cervelle. Là, débute une longue symphonie de non- dits, la philosophie d'entre les lignes, mon Je est autre, etc. Tout ce qui fait la clé d'une éventuelle réussite, corroborant les écrits.

    Mais je parle, ou plutôt j'écris sans avoir commencé la préface.

    Je laisserai cela à une personne censée me connaître suffisamment, et qui saura parler de moi sans mièvrerie ni concession.

    Ma vie ne fut pas de tout repos, certes, vous l'aurez compris, si vous me suivez depuis quelques mois. Et c'est par ce qu'elle n'est pas commune, qu'elle doit être racontée de la manière la plus naturelle qui soit.

    Le chiffre six me poursuit depuis ma naissance. Je suis née le même jour que Marilyn, c'est ce que  m'a toujours dit mon père, vouant un culte sans fin à cette actrice, le 1er juin 1966 à midi. Gémeaux ascendant vierge, Lune en scorpion, incarnation de Seth dans la mythologie égyptienne, Cheval de feu dans l'antiquité chinoise (on tuait ces filles dites de mauvais augures, aux qualités et défauts multipliés par dix, et blablabla), je précise afin que vous puissiez mieux situer mon personnage, pour ceux qui croient au langage céleste dont je fais partie, la langue des astres, désastre! J'ai ma carte astrale, et quel thème! Les spécialistes vous diront que déjà, à la genèse de ma vie, le ciel n'était pas de mon côté. Il ne tenait qu’à moi de naître un jour avant, ou une année après. Mais je dus faire avec, ou plutôt sans. Sans les fées au-dessus de mon berceau.

    Je commence, depuis peu à comprendre mon histoire, les tenants et les aboutissants. Après une auto psychanalyse, j'ai eu le temps de déterminer le pourquoi d'un tel trajet, malgré qu’il soit trop tard, lorsque je fus en mesure d'y remédier. Les beaux dégâts avaient déjà opérés, et je dus, seule retracer ma route, balisée d'embuches. L’introspection fut très révélatrice, peut - être trop.

    Ne me jugez pas trop vite, vous aurez tout le loisir de le faire mais plus tard, haïssez moi si vous le voulez, mais attendez la fin du roman.

    On ne se drogue pas sans raison. On ne fugue pas, pas plus qu'on ne franchit les portes du milieu carcéral. On parle correctement à ses grands-mères, on est censée rendre de bonnes notes scolaires, bref, on est si l'on en croit la normalté, une bonne enfant, tout cela, à l'origine. Puis vint les reliquats d'un foyer inexistant, la solitude, tonitruante, énorme, désespérément odieuse pour une enfant à la sensibilité exacerbée, la différence croissante devant les autres élèves de l'école, et c'est ici que tout bascule.

    Par malheur, on est toujours présent lors de lourdes disputes, celles que les "grandes personnes", se devraient de taire. Étais-je si transparente que ça? C'est à le croire. Les membres de ma famille ne faiblissaient jamais devant l'interlocuteur, ma présence ne gênait  personne. Cris, bagarres, pleurs... Horreur, ô désespoir, ô enfance ternie, pour une enfant qui ne trouvait jusqu'à l'âge de douze ans, aucune porte de sortie que les livres, c'est ici que débute ma grande histoire d'amour avec la littérature et la poésie. En chaque chose, le malheur est bon.

    Puis vint l'âge que l'on dit ingrat, celui où l'on s'impatiente, devenir adulte, vite, pour tout envoyer valser et, se perdre. Combler ce manque affectif, ce gouffre a jamais rempli de rien, malgré un amour mal formulé. Il est arrivé, le plus pur des amours, mais hélas trop tard. La terre avait déjà tremblée. J'avais pourtant fait un bon début. Le choix me fut imposer, douleurs, chagrin, tout cela avaient fait son chemin. Il paraît, si j'en crois les membres de ma famille, des personnes récurrentes à ma vie d'alors, que durant cette période, je faisais preuve d'intelligence, était- ce vraiment de l'intelligence ou juste un moyen de mettre un terme à des années d'enfance perdues, en donnant le change?

    Cela me laisse des cicatrices, des lacunes, des séquelles dont rien ni personne ne peut plus rien, désormais, je suis lucide pour longtemps...

    Ce livre, doit être écrit comme on se perd, pour mieux se retrouver, dans l'incommensurable immatérialité d'une réalité trop longtemps cachée. Pour ne plus être regardée comme une sauvage, mais bien telle que je suis, et celle que je fus, car tout au fond de moi, je sais tout l'amour qui me fit défaut, et que je dus combler comme je pus, avec l'énergie du désespoir...

    Je reviens de si loin, que finalement, il est fort probable qu'un ange gardien, à défaut de ces fées qui m'oublièrent, se soit intégré à mon corps défendant...ou est-il possible que je dérobasse quelques bonnes étoiles,  celles qui me montrent encore la voie, ce serait alors la raison pour laquelle je loue tant le ciel, l'assimilant très souvent à Dieu. Une chose est sûre, une entité guide mes pas. Marie, joseph, Jésus Christ, Dieu le père ou jimini cricket, ou bien encore la lampe d'Aladin accompagnent chacun de mes pas, ceux qui me permettent encore de jouer de la vie, sans trop en jouir, j'avoue que ceci est compliqué, mais vous verrez je parviendrai à mes fins, et ce justement grâce à ces débuts laborieux. La facilité n'a rien d'excitant. Pas plus que le banal. J'ai été servie...

  • Des bas et des hauts.

    Manet "L'Amazone à cheval"

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    Du paradis à l’enfer, il n’y avait qu’un pas. Je traversais des ponts comme d’autres dévalaient des pentes. Avec la rapidité de l’éclair, je me retrouvais au sanctuaire des âmes noires. J’aurais tant voulu vivre, revivre, renaître dans l’incommensurable diversion des jours  de gloire. Ces jours où tout vous sourit, où les couleurs du ciel n’ont pas la moindre influence sur l’état dans lequel on se trouve. J’aurais aimé vous dire que tout allait bien, que l'écho d'un certain bonheur se faisait retentir l’espace d’un instant. Mais je n’étais pas là, un instant d’égarement, et une entité avait pris mon cœur, mes pensées, et bien que je me persuadasse du contraire, il n’y avait rein à faire, mon âme était en errance. Les raisons m’étaient inconnues. Mal-être absolu. Besoin de revivre éminemment. Rien n’avait changé, je n’avais pas écrit depuis seulement un jour, mais c’était déjà un jour de trop. Musique, bougie, encens, je recréais alors l’univers dans lequel, tout redevenait facile, fluide et heureux, évident et magique. Il ne pouvait pas en être autrement. Je me devais de refaire surface. Alors, me voilà, nue, armée de courage, de patience, oui, je reviendrai à la vie grâce à cette chère écriture dont je ne pouvais plus me passer, sans laquelle je n’ai plus rien à faire, puisque sans elle je ne suis plus rien.

    Les mots, les maux, inlassablement liés, ad vitam aeternam. Je lisais énormément ces derniers temps, je savais qu’il n’y avait que dans la littérature que je pouvais apprendre, prendre, garder en mémoire ce qui me faisait défaut,  pour pouvoir  retranscrire ce que fût un instant de vie. Je croulais sous le poids des phrases. J’allais reprendre le dessus, promis, juré. J’étais forte, disait-on, alors, quelques feuillets finement écrits seraient ma résurrection. Je commence toujours par le pire, laissant le meilleur clôturer la fin du texte.

    Les dimanches avaient toujours été des jours bannis, ce n’était pas nouveau. Le pourquoi subsiste dans l’inconnu, encore aujourd’hui. Alors, me vint une idée. Raconter quelque chose de totalement contraire aux vents mauvais dont j’avais été assaillie. Ne pas replonger la tête la première dans un réservoir sans fonds. J’aimais la vie, l’amour, les animaux, le soleil et la pluie, la musique et les clapotis d’une eau jaillissante d’une fontaine heureuse, voilà comme je voyais le bonheur en somme. Il ne restait plus qu’à le mettre en forme, forme de cœur, toujours.

    Il faisait gris, et cela n’avait plus la moindre importance puisque  seuls comptaient la joie, la plénitude, au diable les infortunes, je ne suis faite que pour aimer. Aller voir ailleurs si j’y suis. A ce moment précis, je ne suis que dans mes écrits, heureuse d’avoir déjà pu commencer un morceau de texte, comme un compositeur, je composais avec les mots, à la place des notes, et soudain tout redevenait heureux. Pur. Renouveau. La partition du pourquoi.

    L’adrénaline remontait le cours de mes veines, je n’avais besoin que d’aimer et de me sentir aimée, pour que résonnent en moi, le bonheur et la jouissance. Du plaisir à l’addiction, j’avais fermé les écoutilles. Désormais, je ne vivais que de choses saines, naturelles; le café, quelquefois avec excès, encore, mais il était le seul à avoir encore une incidence sur l’esprit. Etant allergique au thé, je ne pouvais qu’ingurgiter de la caféine. Modérément, car il fallait que je puisse dormir, et aucun psychotrope ne figurait plus, et ce depuis longtemps, dans ma pharmacie. J’avais donné. Trop. Beaucoup trop. La vie à la campagne m’avait définitivement ôté le goût de tout ce qui n’était pas naturel. Fierté. Le soleil se remet à briller. La vie est une suite de hauts et de bas, avec lesquels il nous faut sans cesse alterner. Avec joie, se forcer même, puis y parvenir. On en sort toujours grandit, je confirme.

    J’espère que vous aurez aimé mon histoire. Elle n’a rien d’exceptionnel, je le sais, mais elle a le mérite d’être vraie. Bonne fin de dimanche.

  • Souvenir.

    Rembrandt "Les pèlerins d'Emmaüs" 1648

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    Peu à peu, l'écriture devint une évidence. Aucune journée ne saurait être ponctuée sans une feuille ou deux remplies par les mots de ma vie. Âme, esprit, corps, amour, destin, enfance, gâchis, humanisme,  étaient les mots- clés de mon histoire. Il me fallait creuser chaque jour d'avantage, aller chercher la couronne de mots précieux décrivant le parcours de mon existence. Bien-sûr, vivre éloignée du monde prenait toute son amplitude, celle de retracer les jours anciens. Les faire revivre le plus naturellement possible. Je m'étendais au bord d'une falaise pour mieux voir le fond de mon âme. Certains soirs, j'écrivais sur du papier, d'autres, je tapais directement sur le clavier. J'aime discourir de la tournure des événements, lorsque les souvenirs reviennent, les détails réapparaissent de plus en plus forts et les pourquoi deviennent des révélations. La mise en forme de mon enfance, l'introspection à laquelle j’adhérais depuis très longtemps prenait de l'ampleur, à partir du moment où elle devenait productive. Creuser, oui, mais il fallut que ce que je ramassais soit plein de pensées, et serti de sentiments.

    Le bonheur, la chance de poser des mots sur du papier, des mots qui sonnaient juste. Qu'importe si l'histoire fut vraie ou quelquefois inventée, il était bon d'entrer en immersion totale et de pouvoir malgré cela respirer le passé à pleins poumons.

    Une odeur suave et  bien précise venait alors me rappeler les senteurs encaustiques des églises. Ces lieux si chers à  mon cœur. La solennité d'un silence déliait tous les sens.  Le marbre des statues et des autels,  le bois précieux des bancs,  les voûtes somptueuses et la perspective  des nefs, la pierre, le confessionnal, les orgues, immenses et majestueux, tout cela était un appel à la méditation et à la spiritualité, à la sagesse tout simplement. L’écho ne permettait pas de voix forte, tout était feutré, austère, miraculeux. Hors du temps. Bénitier, chevalet, pupitre, prie-Dieu, tabernacle, ambons, lutrins, tout ce mobilier liturgique reflétait l'austérité, l'humilité face au Seigneur, le Très-Haut. Les vitraux renvoyaient la lumière en rayons diffus, j’étais là dans cette cathédrale gothique, et toutes les valeurs morales reprenaient leur attribut initial. J’aurais aimé apercevoir un prêtre, un curé, un membre de l’épiscopat, afin de pouvoir discourir de religion. Mais il n’y avait personne. Cet endroit, dénué de tout êtres, laissait apparaître la bonté des âmes saintes, çà et là, de n’importe quels côtés d’où l’on regardait. Je me trouvais au paradis, voilà, c'était cela.

  • Extrait III...

     Nicolas Poussin "Le Christ et la femme adultère"

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    Si je me permets l'écriture de ce qui va suivre, c'est que beaucoup d'eaux,  impures, certes, se sont écoulées sous les ponts de nos mémoires à tous, et que cela, avec le recul, ne semble n'avoir été qu'un rêve. Mon je est un autre...

    Nous sommes en 2007, cela fait sept ans que nous sommes mariés.

    Un soir le bruit du téléphone retentit, il s'agissait de J, me demandant si je me sentais capable d'écrire un album en espagnol pour Chico, alors leader des Gypsies Kings. Il me dit que je n'avais que très peu de temps, que le CD devrait être prêt dans un délai d'un mois, et qu'il me fallait présenter deux titres d'ici deux jours. Branle-bas de combat, un producteur connu vint corroborer l'histoire, la pression fut si forte que je fus prise dans un tourbillon d'adrénaline, ne me laissant pas d'autres alternatives que d'accepter la mission.

    M. Était aux anges, il voyait déjà mon nom (en l'occurrence le sien), gravé sur la pochette de l'album.

    Des lors, je travaillais sans relâche jour et nuit, vite, vite, il fallait que tout soit au point, les pieds, en accord avec la mélodie, enfin, vite, vite, plus un instant à perdre. Je ressortis mes vieux manuels de conjugaison espagnole, car bien que je comprisse et parle cette superbe langue, passionnée et  légèrement teintée de vulgarité, j'étais malgré tout consciente de mes lacunes. Je fus initiée à l’espagnol, tout d’abord à l'école, puis reçus un diplôme après une formation approfondie, et, pour clôturer le tout, et le parfaire malgré moi, je vécus au milieu d'une population majoritairement hispanique durant un an, lors d’une cure de désintoxication. 

    Je ne me dérobai pas, relevai le défi, et présentai à Chico les paroles des chansons dans les temps. Plusieurs textes écrits en deux jours, au bout desquels il ferait le tri. Rendez-vous au studio. Chico fut satisfait, toute la grande famille des Gitans étaient présents, je n'étais pas impressionnée, je fis une démonstration verbale de mes écrits, afin de les rendre plus vivants, plus chantants, ce qui était le but. Ça sonnait, comme on dit dans le jargon musical.

    Au final, deux de mes textes figureront sur l'album. Je reçus quelques euros, et mon nom sur la pochette du CD. Sans oublier la carte de membre de la SACEM. À partir de cet instant, ma vie d'"écriveuse" reprit ses droits, malgré les travers que cela engendrera, et continuais d'écrire cette fois des textes poétiques que je postais sur des sites prévus à cet effet. Pratiquement toute ma prose était acceptée et les commentaires allaient bon train, au bout desquels, hélas pour mon couple, je fis quelques rencontres, dont certaines à l'importance plus ou moins périlleuse et condamnable...

    Je reçus un matin par la poste une webcam, de Belgique, d'un certain A, avec lequel je correspondais virtuellement depuis quelques temps. A était fou amoureux de moi, (il le crût), fit plus de 20 mille kilomètres pour me voir, mon mari était alors en réunion professionnelle à Paris pour trois jours, ce qui me laissait le champ libre. Je n'étais pas réellement consciente de ce que je faisais, il y a cinq ans, encore en mode post pubère, et les fameux coups des sept ans venaient bien de retentir... Période surréaliste. Totalement. Atrocement. Mélange de joie et de folie. Je venais de terminer la lecture de "Manifestes du surréalisme" de Breton...

    À partir de ce moment, tout bascula. Marivaudages et compagnie… A me harcelait sans répit, me fit converser avec son épouse à travers de la webcam, une dame adorable et charmante au demeurant, qui ne comprenait pas cette frénésie aussi soudaine qu'impromptue dont sont mari faisait preuve à mon égard. Je lui dis qu'il en était de même pour moi, et que je ne voulais pas la faire souffrir, que j'étais prête à tout arrêter, que mon époux, lui, n'avait pas eu vent de notre histoire, enfin pas encore, et que je ne me sentais pas le courage de lui annoncer, pas plus que je ne possédais la force de faire de mal à l'un comme à l'autre. Je nageais alors en pleine confusion des sens. Océan houleux, mer morte ressuscitée, horizon brouillé.

    A. voulait tout et tout de suite. Il postula alors dans différents domaines, quittât son emploi, et prit la décision de venir travailler dans le sud dans l'espoir d'y couler des jours heureux à mes côtés. Il m'envoya son curriculum vitae afin de me persuader de la bonne foi de ses sentiments, c’est du moins ce qu'il croyait, cela n'était rien d'autre qu'un grand désir. Il ne fallut pas confondre. La frontière était aussi fine que difficile à percevoir. Il m'écrivait sans cesse, voulant toujours plus et toujours plus vite. Encore une fois, je fus prise malgré moi dans une chevauchée aussi inimaginable que destructrice dont je ne tenais les rênes d'une seule main. L’autre main ne lâchât jamais celle de mon mari, pas plus que celles de A ne quittèrent la main de sa femme. Dieu merci. Irisation de la vie, lorsque les couleurs pâlissent...

    A ce jour, A. n'en reste pas moins un ami, avec lequel je converse par courriel de temps en temps, le plus clairement qui soit. Les ambiguïtés faillirent ruiner le reste de mes jours, et les siens, alors maintenant, oui, je tiens bien les rênes de ma monture, et de plus, j’ai acquis une très bonne assiette!!!

    Mais avant d'en arriver là.... L'homme adultère est un play-boy, et la femme dans tout ça?...

     

     

  • Extrait II

    « Le désir mesure la profondeur du cœur », desirium sinus cordis. Sentence d'Aristote extraite de « Le Cœur Absolu » de Sollers. Je rajouterais : "L'intégrité mesure la profondeur de l'âme."

    Mes chevaux ont été nourris, tout va pour le mieux. Je m’éveille à l’instant même, premier réflexe,  écrire, café double et doublement fort. Neurones en action, j’entre dans le périlleux naufrage qu’est la littérature, car il s’agit bien d’un naufrage, d’un abandon total de soi, pour les Autres, et pour soi-même. Cela me convient parfaitement, je laisse aller mes mains sur le papier, je suis à la lettre les conseils de mes pairs, exécute quelques variations, il faut bien trouver son style,  et la substance aura la couleur la plus parfaite qui soit, enfin, voilà mes intentions. Vous serez seuls juges, à me condamner ou à m‘absoudre. Pour l’instant, je poursuis avec le plus de précisions possibles la façon dont je vais m’y prendre, le retracement de ma vérité. Avec  ferme intention de tout dire, à moi de mettre les mots sur leur trente et un. Pas de maquillage mais beaucoup de pureté, une peau d’albâtre digne d’un tableau de Manet surgira d’entre mes lignes, il faudra juste plonger dans l’abîme avec moi. Je peux déjà vous indiquer que cet abîme dont je vous parle est un lien entre vous et moi. On n’en sort grandit, promis. Vous êtes ici pour moi, et l’intérêt que vous me portez, m’encourage fermement à ne pas vous décevoir. Il est temps, beau temps, grand temps, de me mettre nue devant vous, complètement nue. Et la chaleur sera humaine ou ne sera pas.  A l’horizon se profilent toute une armée de roturières, dont la courtisane de Van Gogh, superbe japonaise vous toisant de son regard malicieux et provocateur, la ronde des Peintures, celles dont je suis la tonalité. Musique, lyrisme, couleurs, tons,  le mélange des genres. Vous verrez, on va bien s’amuser, c’est juré. Je sens déjà monter en moi un bonheur sans égal, quelque chose d’inconnu s’immisce et m’indique la route, la trame du livre.

    Mais j’y pense, vous connaissez déjà beaucoup de moi, alors il va falloir faire dans l’inventivité, avec le masque des intentions, la volupté insérée avec délice, jusqu'à éclosion totale. Je suis ce que je lis, comme tout le monde, je crois. Et je lis beaucoup, alors inéluctablement je suis beaucoup.

    Mes amours vont être passées au crible, avec aisance, enjolivées, mais sans grand changement. Vous ne vous apercevrez de rien !

    Mon époux a  en lui cette intelligence là, celle de me laisser écrire ce que je veux, j’ai désormais toute sa confiance. C‘est là, une grande chance. Seul, compte son avis. Il sait qu’il fut toujours le seul qui ne compta jamais dans ma vie secrète, celle que je tais aux gens et que je narre aux lecteurs. Je pourrais presque ne parler uniquement de mes histoires d’amour, ça tombe à pic, nous sommes le jour de l’amour, pas seulement celui des amours vivantes, celles qui furent ont aussi leur mot à dire. Alors, je vais leur laisser la parole...

    Nota bene : Merci de me faire part, directement ou non, de votre avis sur la question. Toutes réflexions seront les bienvenues.

    Joyeuse Saint-Valentin!

  • Extrait I.

    Je lis, j’étudie, j’apprends, je marche, je soupire, je contemple, je vole quelques images, au clair de mes fugues, puis j’écoute, j’entends, je relis, je prends des notes, les apprends par cœur, les récite, découpe des gravures, les mets en cage, me nourrie de tout ce dont la vie est faite. Mes ouvrages du moment ? – Les confessions de St Augustin, puis celles de Rousseau, j’alterne pour ne jamais me lasser, "Le Cœur Absolu" de Sollers, (un régal) peut-être mon préféré avec « Le lys d’or », tout ce qui fait "L’Art du Sublime" d’Aliocha Wald Lasowski.

     

    Les Peintres  ? Turner, Blake, Klimt, Manet, Picasso, « l’Orientalisme » de Delacroix, ("La mort de Sardanapale", une merveille), je conjugue l’Art à l’infini. Je vous écris du fond de ma grotte, dans laquelle, je trouve enfin ma voie.  Et vous, que faites-vous ? Aimez-vous la vie comme je l’aime ? Souffrez-vous par  ce froid impétueux, peut-être passez-vous par mon blog, vous plait-il, dites-moi ? Cela m’intéresse fortement. Mes photos vous ravissent-elles ? Mes collages sont-ils toujours d’actualité ?

     

    Aujourd’hui je « cultive » les pierres fines, aussi étincelantes que les étoiles.  Jade, béryl, turquoise, onyx, zircon, tourmaline, (quel joli nom !),aigue-marine, lapis-lazuli, opale, améthyste, pierre de lune, œil du tigre, (superbe appellation !), grenat, ambre, serpentine, topaze, agate, etc.. Leur nom est un appel à la poésie, des couleurs chargées d’émotion. Le ciel les déploie de la plus jolie manière qui soit, quand on sait regarder. Je conserve dans un ciboire toutes les inflexions du temps, le ressac de ma mémoire. Dieu ne m’a pas quitté, notre histoire n’en finira jamais ; les gens vrais le savent bien. Pas plus que Bach ou qu’Haendel, dont je m’étourdis chaque jour, j’aime entendre des voix venues d’ailleurs, soprano, contralto, pour les femmes, puis baryton ou ténor, pour les messieurs, tout ce monde entre dans ma danse et la vie se fait plus légère, plus harmonieuse, plus douce. Je voyage pour quelques heures en Italie, où les musées se souviennent de tout, où la papauté n’en finira jamais, Dieu merci. Puis, la Grèce, où caracolent des millions d’années, où des statues érigées pour l’éternité font jaillir la Beauté. Voilà les deux pays qui me happent, pardon, j’allais oublier la France, « cher pays de mon enfance », qu’as-tu fais de ta gracieuse majesté ?... Résister, aimer, prier, et tout redeviendra normal. Mais pas trop, la folie a encore de beaux jours devant elle. L’insolence de la véhémence !  

     

    Ceci est extrait de mon premier roman, qui devrait voir le jour d’ici quelques mois. Dieu me donne la pugnacité nécessaire à cette élaboration ô combien délicate.