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littérature

  • De sa prose éprise ...(Texte de Philippe Djian , chanté par Stephane Eicher)

    1. ELLE MAL ÉTREINT
    2. Elle ne dort pas la nuit
    3. Elle garde toujours les yeux ouverts
    4. Elle me met dans son lit
    5. Quand il n'y a plus rien à faire
    6. Elle s'amuse toutes les nuits
    7. Et me prend comme un dernier verre
    8. Elle fait Ça si bien si
    9. Spontanément que je m'y perds
    10. Mais elle ne m'apporte rien
    11. Elle s'allume puis elle s'éteint
    12. Non, elle ne m'apporte rien
    13. J'en ai l'envie, pas le besoin
    14. Elle se lève toutes les nuits
    15. Et s'interroge sur l'univers
    16. Elle a beaucoup d'esprit
    17. Beaucoup d'amis, beaucoup d'éclairs
    18. On m'envie, on me dit
    19. Qu'on la suivrait jusqu'en enfer
    20. Qu'à son bras, c'est la vie
    21. V majuscule qu'on s'est offert
    22. Mais elle ne m'apporte rien
    23. Elle s'allume puis elle s'éteint
    24. Non, elle me m'apporte rien
    25. Ni la joie, ni le chagrin
    26. Elle déteste aujourd'hui
    27. Ce qu'elle avait aimé hier
    28. Elle a tant d'appétit
    29. Que rien ne peut la satisfaire
    30. Elle n'a pas de répit
    31. Je l'admire d'une certaine manière
    32. Même si elle m'étourdit
    33. Même si je suis loin derrière
    34. Mais elle ne m'apporte rien
    35. Elle s'allume puis elle s'éteint
    36. Non, elle ne m'apporte rien
    37. Glisse comme de l'eau sur la main
    38. Trop vieux pour ces conneries
    39. Trop frileux pour les courants d'air
    40. Je cherche toutes les nuits
    41. Où est l'endroit de l'envers
    42. Elle est si pleine de vie
    43. Je suis si lourd, elle si légère
    44. Parfois elle m'éblouit
    45. Et parfois elle me sidère
    46. Mais elle ne m'apporte rien
    47. Elle s'allume puis elle s'éteint
    48. Non elle ne m'apporte rien
    49. Elle trop embrasse, mal étreint

     

  • Quand Christine devint officiellement Angot...

    La douloureuse histoire d'amour entre Pierre et Rachel, les parents de l'écrivaine Christine Angot. 

    À la fin des années 50, un homme, bourgeois et pervers, Pierre,  tombe amoureux d'une très belle femme juive et modeste, Rachel, à laquelle il fera un enfant, Christine. Malgré l'amour fou dont elle le gratifie, il gardera cruellement ses distances avec cette femme à laquelle il fera porter son enfant, toute en le reniant....Durant toute  une vie, le fruit de cette passion ainsi que la mère subiront les pires sévices morales et incestueuses, dans le but ignoble et peut- être inconscient, de leur faire payer cet amour qu'il ne maîtrise pas, car il ne l'assume pas... C'est du moins l'analyse que fera Christine Angot, après moult explications et déductions des outragées, comme suite aux propos requis de l'Auteure auprès de sa mère, à la fin de l'histoire.

    Un livre autobiographique génialement écrit, comme on peut écrire quand on saigne au plus profond de soi, le récit d'un passé que l'on ne peut dépasser. Les mots traduisent alors les maux d'une enfance brisée et  restée trop longtemps sous silence pour qu'un jour on ne pose pas "ses tripes" sur une table, comme une  explosion salvatrice de tout son être ensanglanté.

    Les dernières pages sont une cascade de larmes pour celui qui les lit. Magnifique, osé car on ne peut plus intime, et dignement raconté.  D'une traite.

  • Subtil Stefan Zweig ...

    Une histoire d'amour à sens unique, racontée avec subtilité par une femme éperdue autant que perdue, et tout en nuances, superbement ... triste, et merveilleusement beau. Zweig a la plume raffinée dans les gouffres de l'oubli. Magnifique.

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  • Norman Mailer 1923-2007 son Dernier roman

    "Un château en forêt"2007

    Dernière oeuvre de Norman Mailer, puisque il décèdera la même année, ce livre retrace la vie d'Adolf Hitler. A chacun d'apprécier ce chef-d'oeuvre 

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    ... ou pas.

  • Porte ouverte sur le passé (suite et réponse)

    Fissure du temps

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    Photo Valérie Bergmann

    Si nous fermions la porte, ce serait symboliquement tourner le dos à nos ancêtres et à la vie.

    Le passé, sont nos racines, celles qui nous servent de guides et de repères dans un monde où tout semble basé non pas sur le présent mais sur un futur aléatoire… C’est grâce à lui que nous sommes en vie.

    La nouveauté a besoin du passé pour se renouveller.

    Le présent est le passé de demain, et ainsi de suite…  Il est d’une richesse phénoménale, et nous avons tendance bien souvent à l’oublier. Sans passé, pas de présent ni de futur possible. Il est acquis, immortel, éternel.  Sans passé, pas de valeurs, pas de repères. Effondrement de la pensée universelle, de toutes formes comparatives.

    La preuve est l’état du monde actuel.  L’Homme n’est pas conscient de la valeur du temps qui passe. Hormis les souvenirs, car ils n'incombent que nous-mêmes.

    Il n’a pas retenu les leçons d’hier, historiques ou économiques de ce dit passé, il est bien là le problème.

    Le Passé est la mémoire du temps présent. 

    « Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le répéter. » Georges Santayana

     

  • "Beaux seins, belles fesses" Mo Yan Prix Nobel de Littérature 2012

    http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20121011.OBS5269/mo-yan-est-un-ogre.html

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  • Revenir avec "Les Patriarches" de Anne Berest

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    Qu'avons-nous fait de nos années?... Ces années charnières, celles que l'on vit, emportés dans le tourbillon des paradis d'artifice, jusqu'au bord du précipice... Salvatrice association, non, "Le Patriarche" fondée par Lucien Enjelmajer dans les années soixante dix, n'était pas une secte, mais un lieu de vie, celui de la dernière chance...

    Le plus grand Merci de ma vie à Me Anne Millon de Peillon. Toi, qui m'a tant donné dans un des pires moments de mon existence. Tu as rejoins les anges et jamais je ne t'oublierai. Tu as aidé Lucien a fonder cette association, Vous êtes tous les deux, je l'espère, au paradis de ceux qui se sont battus contre des montagnes.

    Valérie

  • Livre...

    livre,art,littérature,langue,mots,citationsAffamée d'aphorismes, de citations, d’adages, et autres maximes, je ne cessais de chasser la sentence la plus rare, afin de trouver une suite logique qui serait censée clôturer mon épilogue. Ponctuer mon pamphlet  de la sorte était pour moi essentiel. Références à tous ces illustres écrivains ou poètes qui hantaient le sillage de mes écrits. Il m'eût été fort agréable d'avoir à mes côtés la présence inouïe d'un savant de la littérature ou de la poésie. Vivre pour écrire ou écrire pour vivre? Telle était ma perpétuelle question. Je me fondais dans de montagneux paysages, dans lesquels j'escaladais les sommets vertigineux de l'écriture. Langage châtié, dis, serais-je à ta hauteur? Moi, petite profane au royaume des Dieux de la prose et de ses descendances, j'arpentais avec joie mais aussi méfiance un désir de précision essentiel à toutes phrases bien construites. Rien n'était facile, non, je ne recherchais pas la simplicité. Mes lectures étaient toujours savantes et hautement perchées, sans orgueil ni prétention ;j'aimais que tout soit parfait, dans une logique littéraire étudiée. Tout au moins,  presque parfait, ce qui me faisait gravir bien des échelons. Grâce au savoir- faire de mes maîtres à penser, chaque jour étaient pour moi l'école buissonnière du savoir et des connaissances. Je notais tous les mots dont le sens m'était inconnu, et j'en révisais la signification avant de m'endormir. Tout ce que je n'avais pas fait, lors de mes jeunes années, j'essayais d'en combler les lacunes le plus librement qui soit. Car, c'est toujours ce qui me gêna par le passé, obéir, suivre la ligne de conduite fixée par des professeurs, au demeurant souvent antipathiques qui ne me laissaient d'autres choix que celui d'abdiquer en rendant des devoirs médiocres, ou passables selon mes souvenirs. Pour peu que ces pédagogues eussent été un tant soi peu plus humains, compréhensifs et chaleureux, ou tout simplement gentils et à l'écoute, tout fût différent. Désormais,  je porte en moi cette certitude. J'avais très bien commencé ma scolarité puisque j'avais été reçu dans un  lycées des plus renommés de la cité phocéenne. C'était il y a longtemps, une bonne trentaine d'années, années qui n'avaient pas réussie à me défaire de cet appétit colossal des Lettres. Je ne mentionnerais pas les mathématiques, elles étaient pour moi optionnelles, sans le moindre intérêt. Il me fut impossible de comprendre les bases d'un "algèbre-chinois". Toute ces écritures étaient pour moi des signes dont je ne comprenais le sens, et je n'ai jamais rien su, ni pu y déceler  la moindre logique qui soient.  En contre- partie, des exposés sur Homère et l'Odyssée fusaient, la mythologie, dont persistent en moi le nom de chaque dieu grec ou de leur équivalence latine, me plongeait avec féerie dans de chimériques et rocambolesques aventures, passionnantes à mes yeux de grande enfant. Déjà, j'aimais vagabonder,  en écoutant assidûment mes professeurs d'histoire ou de français. Mes notes, loin d'être mauvaises me permirent d'accéder aux matières grecques et latines. Ces langues, dont je sais encore les déclinaisons et les alphabets, ne m’ont jamais paru« mortes » :Rosa rosae rosam,  etc. Ou alpha, bêta, êta , jusqu'à omega; tout cela m'a laissé un goût d'inachevé. Idem pour les versions, j'étais douée, mes cahiers de correspondance sont là pour en témoigner. Que d'actes manqués, à jamais perdus. Ou peut-être pas. À cœur  vaillant, rien d'impossible, dit Jacques Cœur, cette citation et son auteur sont toujours restés en veille dans un coin de ma mémoire. On ne rattrape pas autant de carences en un coup de baguette magique. Voilà pourquoi, je peux quelquefois sembler présomptueuse ou suffisante. Bien que ce soit complètement faux, il n'en reste pas moins qu'un besoin de reconnaissance certaine m'agite sans répit. 

    Un manque à combler coûté que coûte. La nuit, le jour, en marchant, en parlant, ma vie est une forteresse construite mot après mot, jusqu'au donjon, du haut duquel le  bouquet final,  sera ce livre, ce feu sans artifices dont je rêve tant. Je ne me suis jamais autant livré, je n'ai plus peur de rien. Ce qui sera, sera, et plutôt dix fois qu'une. La refonte de ma pensée ne joue plus en surface, mais bien en profondeur, là où naquit une certaine tragédie… Nietzsche veille, parmi tant d'autres...

     

    Finis les rôles sur la scène des superficialités éphémères. Mes livres de chevet forment un tremplin d'où, chaque lendemain, je saute en fermant les yeux, seule dans l'absolutisme le plus sincère et le plus total qui soit. Le titre du livre pourrait bien être "Mon école buissonnière dans laquelle l'Art est si long et le temps si court...» Un peu long, non?!

     

  • Dualisme.

    Comme si je tournais le dos à une vie qui n'était pas la mienne, d’un temps présent dont je ne contemplais que la beauté, je jouais le jeu de la vérité en me noyant dans les profondeurs d'un goulet abyssal, faisant le lien entre deux pôles, en touchais quelquefois le fond, in fine remonter à une surface où je jouais parfaitement mon rôle de femme heureuse. Le bonheur était ce don que je n'avais jamais eu, cet état phénoménal dont je ne savais que les fugues ou les fuites.

     

    Cet état, si souvent inhérent aux personnes à l'âme créative, j'en aurais  bien vendu les reliquats, quelques années de mon existence même, pour atteindre une vitesse de croisière, sorte d'instant T où tout est linéaire, équilibré et normal, état intermédiaire où tout va bien et où cela semble le plus homogène du monde, tant et si bien que l'on ne saurait y prêter attention. Cela perdurait depuis toujours. Seuls les jougs ardus et ardents des paradis artificiels  m'avaient fait passer derrière le miroir, ce miroir trouble et troublant, ce miroir aux alouettes, là où l'on se sent anormalement bien, sur en vie, pour que cette euphorie ne soit pas mensongère et trompeuse. Mais, quelles heures insoumises, aux éclats si impurs, ne laissant la place qu'à de pléthores spécieux, stipendié par de funestes péroraisons. On ne guérit jamais de tout ce merveilleux carnage, stipulant un besoin perpétuel, comme un trou béant à jamais ouvert, tout au mieux ponctué d'états de grâce. Impasse, tunnel balisé de quelques brèves éclaircies. Le tempo à été donné, il faudra faire avec cette sensation, ce rythme effréné, exalté et furieux, cette cadence lancée à vive allure, comme prise au piège d'un manège similaire aux montagnes russes, récurrentes et certaines. Ascenseur, formule un, circuit court-circuité "à toute allure", mais rarement à tout à l'heure. À quand la ligne d'arrivée? On monte, on descend, on accélère, on freine, certes, mais avec excès. On s'arrête parfois mais les forces vives, elles, ne durent jamais. Il faut bien comprendre le mécanisme du système cérébral. Il y a là une certaine logique, lorsqu'on apprécie quelque chose, quel serait l’idiot ou le saint qui n’aurait pas tendance à en abuser? Le commun des mortels a toujours en lui des vices, alors, dépasser les limites, au diable les prescriptions, la posologie, les contre-indications, le plus, toujours et encore, jusqu'à la l’extrême limite. Mais justement, quelle est-elle cette limite? La mort sans doute. Qui peut le dire? Dieu, ce tout puissant, décideur d’un destin romanesque dont on n'est qu'un pion sur l'échiquier, voilà, lui seul sait et décide de cet avenir, à venir, ce futur à plus ou moins brève échéance. On connaît la chanson, mais le mystère reste entier et insoluble.  Toujours plus d'émoi, ne laissant que peu de place, hélas, aux autres. Recherche perpétuelle d'extases au delà de l'insoumission, perdu d'avance.

     

    À chaque solitude suffit sa flamme. Être, dans son sens le plus métaphysique qui soit, n'exister que dans la passion. Qu'elle soit qualifiée de Bien ou de Mal, prompte à une vie de bacchanale ou d'écrivain, à moins que les deux ne soient compatibles, voire indissociables. Si toutefois, il est un état stable et linéaire, oserais-je dire invariable, n’exister que dans la loi pernicieuse de la démesure, toutes fois confondues, et dans une dualité incontestable entre l’estime de soi, et une volonté de puissance. 

     

     

  • Nuit et jour... Mes nourritures célestes et terrestres.

    Une heure du matin, des trombes d'eaux sur le toit soudain m'arrachent à mon sommeil. Il pleut averse, enfin un semblant de déluge. Depuis ces derniers jours, on pouvait sentir l'aridité d'une terre jaunissante par un soleil inaugural et intense. L'herbe mouillée donnerait plus tard, le foin nécessaire aux animaux. Il fallait qu'il pleuve beaucoup. Le tonnerre grondait tel un animal féroce. Impressions belliqueuses. Bruits terrifiants. Vents forts et pluies ravageuses… Quelque chose semblait être sur le point d'exploser, puis sentiment de réconfort d'être à l'abri. Je pensai alors à ces moments de guerre pendant lesquels nos grands-parents meurtris par la terreur devaient se terrer. J’esquissai dans ma tête ce que pouvait ressentir tous ceux qui n’avaient pas choisi d’être sous les bombes, à chaque canonnage, quelle devait être leur peur. Indescriptible. Oui, les éclairs et ses bruits de fureur me laissaient imaginer cet espace dans le temps, cet abominable interstice qui dû laisser bien des séquelles. Tout raser pour tout reconstruire, que de temps perdu que la folie des hommes. Je cherchais dans mon tréfonds le pourquoi de tels actes. Un élément bien précis me chagrinait, comment des hommes pouvaient-ils obéir à la volonté de quelques diktats ? Cela me laisse perplexe quant à la question de l’âme humaine. A ce sujet, Oscar Wilde disait que « Quiconque a étudié l’Histoire sait que la désobéissance est la vertu première de l’homme, et que c’est par celle-ci et la rébellion qu’il a progressé ». Je vous laisse apprécier… Les abolitionnistes, eux seuls peuvent nous être d’un grand secours. Ne soyons plus des moutons, et mettons en mouvement et en pratique nos souvenirs à ce propos. Il est essentiel que tout cette Histoire serve à nous faire avancer. Ne plus se complaire mais aller vers une véritable subversion. Facile à dire, mais, si complexes sont ces colossales croyances.

     

    A défaut de transition, je file droit vers la digression, me suivez-vous ?

     

    J'attendais et préparais le moment où je serais vraiment indestructible et heureuse. Je suivais, je le pense le bon chemin.

    Cherchant autour de moi  les plus beaux sites d'une région dont je commençais seulement à percevoir la typique réelle des lieux mystiques, les pierres séculaires, les arbres millénaires, les sentiers escarpés et ombragés, les rivières claires et torrents rugissants, et si je faisais preuve d'un incroyable courage, c’est que tout cela m'était encore partiellement inconnu, et que je débordasse de vitalité et de volonté, c’était pour m'unir au concave de cette nature et de ces paysages panoramiques qui s’offraient à mon horizon. Certes, il fallait parfois marcher des heures, bâton en main, crapahuter sac à dos, essoufflée mais heureuse. Je rapportais quelques belles images de ces endroits que je parcourais, parfois même dans une solitude aimable car choisie. Il me fallait fermer les yeux quelquefois, l'espace d'un instant afin de vérifier mon équilibre, apprendre à me repérer dans les bois, parmi des illustres sapins, chênes, épicéas ancestraux, tilleuls ou châtaigniers. Sans parler des rocailles, des éboulis dont je pouvais dévaler la pente selon l'inclinaison. Parfois je m'étendais sous un ormeau balançant ses branchages, pourvu de feuillages encore nouvellement nés. Je reprenais un souffle court, puis repartais de nouveau vers les cimes souvent inachevées. Mon corps engourdit reprenait vie tout au long des ces allées. J'avais la sensation de traverser les âges. Parfois, des phrases ou des mots, à la description précise résonnaient en moi, et j'aurais du casser la cadence de mes pas pour pouvoir noter ces bribes de vie. J'apprenais ainsi le repérage, la mémoire, retenir jusqu'à mon arrivée les points nodaux, prédicats de ces instants passés avec lesquels je fusionnais littéralement.

    Le langage de la nature s’approfondissait en moi, et tel un « Promeneur solitaire », je m’étourdissais d’air pur, d’herbes joyeuses, de senteurs de terre imbibée et musquées, de tout ce qui fait un ensemble des renfoncements encore méconnus de notre magnifique courant tellurique. Tout ce qui ne finira jamais de nous émerveiller pour peu que l’on s’y penche, cela est infini, visionner avec attention chaque parcelle du sol, et renaître comme dans un film à la vie sauvage et éternelle, pour nous sauver.     

  • Printemps, l’Éclaircie...

    Les senteurs boisées et épicées de la campagne accompagnaient  cet hymne à la beauté, sur lequel le printemps débutant venait de lever le voile. Ce spectacle là valait bien tous les opuscules du monde, et, prise entre terre et ciel, mes sens étaient exhortés  et entre- deux planètes sublunaires. Quelle splendeur que la résurrection de cette magnifique saison. Le printemps, le renouveau, le reviviscent, naître à nouveau, vivant en osmose totale avec La nature, le sublime sous mes yeux, je reprenais de l’amplitude, je renaissais à la littérature, à la magnificence des livres que je parcourais avec férocité. Il y en avait (presque) pour tous les goûts.

    Sur ma table de chevet encombrée, du Sollers à  grande échelle, bons nombre de ses livres y siégeaient pour mon plus grand bonheur. Il y avait aussi Thomas de Quincey et ses souffrances opiacées, ou encore Rilke ou Goethe pour leur poésie si épurée. Puis, s’en vient Artaud et Van Gogh alimentant un besoin avide de connaissances. Tous les domaines établissaient leur nid au creux des jougs, des addictions  pléthoriques du Savoir sans fin.

    Je devais remercier Sollers pour ses encyclopédies à nulle autres pareilles, mêlant plaisirs et connaissances, savoir et recevoir. Je lui dois beaucoup. De livres en livres, je n’en finirai jamais d’apprendre et de m’enrichir de ses sciences infusées, très très aromatisées. Que voulez-vous, cet auteur est  un magicien, qui non content de ses précieuses curiosités, porte en lui la magique déflagration de vous faire voyager par je ne sais quelle potion dont lui seul détient la recette et porte l’estampe, le sceau dans la paume de ses mains. Je pourrais énumérer ses préférences, je les connais sur le bout de mes doigts : La Chine, les Papes, Paris, Venise, la Grèce, puis ses auteurs et peintres ô combien affectionnés, tels que Homère, Stendhal, Voltaire, Nietzsche, Artaud, Baudelaire, Rimbaud, Châteaubriand, Sade, Casanova, Saint-Simon, Picasso, Manet, irréductiblement, Fragonard, et j’en oublie tant la liste est longue. Pendant que je recherche tout ce qui me fait défaut, j’apprends dans la «  Guerre du goût » tout l’Art du monde en un seul livre. « Eloge de l’infini » est vraiment infini. Tout cet art vous affranchit et vous fait avancer sur la grande échelle de l’érudition tonitruante, assourdissante, déployée et vivante. Lire Barthes exprimer son admiration pour « Paradis I et II » entre-autres. Ouvrage sans ponctuations  ni majuscules. « Aller à l’essentiel »… Cela est majeur. Ecouter un rondeau de Bach,  Haendel et son Messie, ou encore Haydn et ses Surprises militaires vous émouvoir, ou encore le Requiem de Mozart, cela est essentiel, comme la voix de Cecilia Bartoli au lyrisme parfait, dirait-il. Tout cela monte aux Cieux...Majestueux. 

    Donner aux lecteurs l’envie de vivre, de savoir, d’apprendre, de vous surprendre quelquefois lorsqu’il parle d’amour… cela n’appartient qu’à lui. Il est le feu d’une doctrine concupiscente, sensuelle et avec suites. La musique classique ou le jazz, rien ne le laisse froid. Cette volonté du bonheur, si déficiente chez des écrivains pourtant magistraux,  Sollers, lui, est le chef d’orchestre d’une sonate au clair de lune sous une tonnelle ou une véranda à Venise, le Bien et le Juste, il en fait son affaire. Les affres de la vie ? Il n’en a que faire, cela l’indiffère, il ne le digère pas. Tandis que d’autres aiment à se perdre, lui, s’est trouvé depuis longtemps déjà. Apprendre la vie, oui, avec Ph. Sollers, on s’initie en s’amusant. Je suis sûre d’une seule chose, c’est que je n’en aurai jamais fini avec cet extravagant personnage, citant quelques vers de Baudelaire, et, éclaircissant tout ce qui jaunit. Le passé n’est jamais une question de mode. Tout est retranscrit au goût du jour, et cela avec l’amour des mots, le style, lui, l’a dans la peau, dans l’évanescence des mots, sémiologiques et authentiques. Ses anaphores et ellipses sont des grains de beauté imprimées sur ses pages raffinées. Infiniment et pour toujours, Sollersienne. Sans tambour ni trompette, mais à la lueur de la clarinette ou du hautbois, de ses fugues ou de ses rigodons…Allons bon, voici Vivant Denon et ses lendemains rendus !