Le chagrin est telle la marée, parfois les sanglots s'en viennent, le coeur à marée haute puis repartent, le coeur à marée basse.
Pour mieux revenir et la marée est là, comme les sanglots, amarrés à toi...
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Le chagrin est telle la marée, parfois les sanglots s'en viennent, le coeur à marée haute puis repartent, le coeur à marée basse.
Pour mieux revenir et la marée est là, comme les sanglots, amarrés à toi...
Funeste soliloque où les pensées les plus pernicieuses qui soient, vous dévorent sans savoir très bien, qui l'on est, où l'on va. Non, je ne saurais me complaire dans ces instants où l'on se sent perdue, je persiste à croire que le soleil brille et brillera encore longtemps, à travers l'écriture, à travers l'intelligence dont je suis l'élève assidue pour le restant de mes jours.
"Quand on a que l'Amour", chantait Brel, c'est un peu mon cas. Un peu beaucoup. Je ne suis qu'un cœur démesuré qui bat au rythme de mes amours présentes et au passé imparfait. J'emploie le mot amour dans tous les sens que celui-ci est censé représenter, celui de l'homme avec lequel je partage ma vie, mais aussi celui de mes chers parents. Trop de sentiments dévorent mon âme, et cela ne saurait s'amenuiser avec le temps. Oui, j'ai eu des amants, sorte d'exutoire, que je pris pour de l'amour, à chaque fois, passionnément, oui, j'ai cru un instant que l'on pouvait aimer au pluriel et ce pour longtemps.
Je me suis évidemment perdue, et mon cœur saigna à chaque fois, me laissant une plaie béante, ou mal cicatrisée. Pas de date butoir à une guérison péremptoire.
Si aujourd'hui, je ne vis plus que pour un seul homme, c'est que je compris, trop tard hélas, que l'amour ne se conjugue pas au pluriel. Cela m'aurait évité bien des désagréments, mais je ne regrette rien. Mon bonheur fut si grand pendant ces jours-là, qu'il aurait été un leurre, un acte manqué de ne pas les avoir vécu pleinement. Certes, cela est ambitieux autant qu'égoïste, et il n'en fallut de peu que je me perdisse totalement. Dieu merci, l'homme de ma vie n'en sortit point, et de tout cœur je lui dis merci. Que serais-je sans lui? Une âme errante aux enfers illusoires, une femme vieillissante auprès de ses animaux, que je chéris chaque jour davantage. Je ne le dirai jamais assez, sans eux mes jours seraient encore bien plus menacés qu'ils ne le sont. Ces être-là sont la prunelle de mes yeux. Ils le ressentent, et je redoute atrocement le jour où, ma chienne, âgée de douze ans déjà, devra nous quitter. Parfois, je songe même à la taxidermie. La garder à mes côtés, cela justifierait-il un tel acte? Tout cela est très personnel, mais je ne me projette pas sans elle. Je ne vis pas l'instant présent, carpe diem, connais pas, ou plutôt ne sait pas, ne peux pas. Pourquoi anticiper sans cesse un futur dont je redoute les aspérités, les affres, les insurmontables douleurs de la perte de ceux qu’on aime? Je suis faite comme cela, mon cœur ne m'appartient pas.
Allez, au diable les peines! Je ne suis pas si malheureuse que je veux bien le dire, mais je mens, refusant de vous ennuyer avec mes états d'âme. Un peu tard, il est vrai.
Changement de décor, éclaircie soudaine, joie certaine. Après les traits d'un visage hâve, se dessine un portrait coloré, au sourire révélateur de par son apaisement, gaie et enjoué de bonnes nouvelles étonné. Je suis un instant Berthe Morisot, à la chance inouïe d’avoir été l’amoureuse d’un Manet turbulent, mais ô combien doué et au savoir faire incontestable.
Voilà, ce qui est génial lorsque l’on écrit, on retrace sa vie, puis, on efface, on oublie ce qui fait mal, en un éclair, tout s’éclaire. Un tableau, une image, un air de musique et nous revoilà partis sur des chemins joyeux, aux antipodes d’un tragique sulfureux, au milieu de boisements et de clairières pressentant le printemps, la reviviscence des sens. On se sent léger, on écrit, on écoute, on ressent le bon côté de l’existence. Volonté divine, aide-toi et le ciel t’aidera, je ne connais meilleur adage, que ce merveilleux présage.
Par le truchement d’une déflation venteuse, me revoilà, le sourire aux lèvres, plus prolixe que jamais, sans menace je suis à la trace les nuages qui s’esquivent, et forment dans le ciel des alliances superbes, aux formes insolites et inspiratrices. Et tandis que s’en revient le grand air, je décide d’aller respirer ce dont la nature ne finira jamais de nous gratifier. Émotions en plein soleil, je suis l’être qui à la faveur de Dieu, s’en revient vous dire qu’il fait à nouveau beau dans son cœur et dans sa tête.
Devant la frénésie de mon appétence créatrice, dormir était devenu un besoin vital plus qu'une envie naturelle. Fatigue et surexcitation avaient fait leur nid au sein de mon être. Je réussis malgré tout à dormir quelques heures. Durant mon sommeil, je rêvais de ma Grand- mère . Ce songe avait une signification. Elle me disait de ne pas la suivre. Elle me fuyait, chose improbable de son vivant. Nous étions si souvent ensemble! Ô mamie tu me manques! Voilà que mes yeux se mirent à briller devant la puissante montée du chagrin ressenti. Malgré tous les efforts nécessaires pour ne pas trop m'apitoyer sur ma peine, les larmes me furent imposées. Visage trempé. On pleure toujours quelqu'un par égoïsme, c'est du moins ce que je crois, surtout dans le cas de ma grand- mère, qui endura pendant plus de douze ans la maladie d'Alzheimer, et dont je m'occupais durant quelques années. Puis Maman prit le relais.
Je faisais la "morale" à ma mère, très souvent par téléphone, elle pleurait tel un petit enfant. Alors, je redoublais de courage afin que nous ne sombrions pas dans une irrémédiable et profonde tristesse. Je savais que si je me laissais aller à la peine, je n 'étais pas sûre de recouvrer un moral d'acier, ce dont j'avais le plus besoin, pour être seulement vivante.
Mais, c'était sans compter sur l'inconscient, qui lui, n'oubliait rien de tout cela, et faisait resurgir de douloureux souvenirs, alors je jurais que le livre prendrait vie. Je mettrai le temps nécessaire, mais j'y parviendrai. Je l'ai déjà dit: Rien ni personne ne saurait me faire reculer. Ce sera son cadeau d'Adieu. Devrais- je y laisser ma peau... de chagrin, j'achèverai mes mémoires en hommage à Mamie. Je lui devais tant, et Elle aurait été si fière devant le bonheur de voir sa petite- fille s'accomplir dans le domaine qu'elle affectionnait tant, celui de la littérature. Mon arrière grand- mère m'avait appris à lire dès l'âge de cinq ans.Nous vivions entre femmes, ma mère, souvent absente, ma grand-mère, et mon arrière grand-mère, et ce jusqu'à l'âge de vingt ans, début 1987, le 2 janvier plus exactement, date à laquelle mon aïeulle s'éteignit... Pause.
Déjà solitaire, enfant, j'écumais tous les livres de la bibliothèque rose, puis verte, puis vint Marcel Aymé et son chat perché, Delphine et Marinette, Alain Fournier, Jack London, Lafontaine et ses Fables fameuses, Verlaine et la pluie sur son coeur, pour ne citer qu'eux. La poésie et les livres avaient déjà fait leur entrée. J'ai toujours conservé un petit recueil de "poèmes", j'avais dix ans à peine. "La neige et son blanc manteau", revenaient si souvent dans mes thèmes! J'en compris bien plus tard la signification.
Contrairement aux enfants de ma classe qui partaient chaque hiver à la montagne accompagnés de leurs parents, moi, j 'inventais ce que je ne faisais pas. Je ne manquais de rien, certes pas, mais le foyer familial traditionnel me fit douloureusement défaut. Je fus adulte avant d'être enfant! C'est exactement ainsi que je résume ma vie passée... Puis vint le moment où la terre se mit à trembler... cela était irrémédiable pour un être à la sensibilité exacerbée...Hypersensible. Alors, je me pris comme cible, tient, ça rime... à rien! Gâchis, le seul et unique mot résumant mon adolescence. Réveil des sens, çà rime encore, effort..., non, ça suffira pour aujourd'hui...
"Le plus grand mal, à part l'injustice, serait que l'auteur de l'injustice ne paie pas la peine de sa faute". Platon