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mariages

  • Extrait III...

     Nicolas Poussin "Le Christ et la femme adultère"

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    Si je me permets l'écriture de ce qui va suivre, c'est que beaucoup d'eaux,  impures, certes, se sont écoulées sous les ponts de nos mémoires à tous, et que cela, avec le recul, ne semble n'avoir été qu'un rêve. Mon je est un autre...

    Nous sommes en 2007, cela fait sept ans que nous sommes mariés.

    Un soir le bruit du téléphone retentit, il s'agissait de J, me demandant si je me sentais capable d'écrire un album en espagnol pour Chico, alors leader des Gypsies Kings. Il me dit que je n'avais que très peu de temps, que le CD devrait être prêt dans un délai d'un mois, et qu'il me fallait présenter deux titres d'ici deux jours. Branle-bas de combat, un producteur connu vint corroborer l'histoire, la pression fut si forte que je fus prise dans un tourbillon d'adrénaline, ne me laissant pas d'autres alternatives que d'accepter la mission.

    M. Était aux anges, il voyait déjà mon nom (en l'occurrence le sien), gravé sur la pochette de l'album.

    Des lors, je travaillais sans relâche jour et nuit, vite, vite, il fallait que tout soit au point, les pieds, en accord avec la mélodie, enfin, vite, vite, plus un instant à perdre. Je ressortis mes vieux manuels de conjugaison espagnole, car bien que je comprisse et parle cette superbe langue, passionnée et  légèrement teintée de vulgarité, j'étais malgré tout consciente de mes lacunes. Je fus initiée à l’espagnol, tout d’abord à l'école, puis reçus un diplôme après une formation approfondie, et, pour clôturer le tout, et le parfaire malgré moi, je vécus au milieu d'une population majoritairement hispanique durant un an, lors d’une cure de désintoxication. 

    Je ne me dérobai pas, relevai le défi, et présentai à Chico les paroles des chansons dans les temps. Plusieurs textes écrits en deux jours, au bout desquels il ferait le tri. Rendez-vous au studio. Chico fut satisfait, toute la grande famille des Gitans étaient présents, je n'étais pas impressionnée, je fis une démonstration verbale de mes écrits, afin de les rendre plus vivants, plus chantants, ce qui était le but. Ça sonnait, comme on dit dans le jargon musical.

    Au final, deux de mes textes figureront sur l'album. Je reçus quelques euros, et mon nom sur la pochette du CD. Sans oublier la carte de membre de la SACEM. À partir de cet instant, ma vie d'"écriveuse" reprit ses droits, malgré les travers que cela engendrera, et continuais d'écrire cette fois des textes poétiques que je postais sur des sites prévus à cet effet. Pratiquement toute ma prose était acceptée et les commentaires allaient bon train, au bout desquels, hélas pour mon couple, je fis quelques rencontres, dont certaines à l'importance plus ou moins périlleuse et condamnable...

    Je reçus un matin par la poste une webcam, de Belgique, d'un certain A, avec lequel je correspondais virtuellement depuis quelques temps. A était fou amoureux de moi, (il le crût), fit plus de 20 mille kilomètres pour me voir, mon mari était alors en réunion professionnelle à Paris pour trois jours, ce qui me laissait le champ libre. Je n'étais pas réellement consciente de ce que je faisais, il y a cinq ans, encore en mode post pubère, et les fameux coups des sept ans venaient bien de retentir... Période surréaliste. Totalement. Atrocement. Mélange de joie et de folie. Je venais de terminer la lecture de "Manifestes du surréalisme" de Breton...

    À partir de ce moment, tout bascula. Marivaudages et compagnie… A me harcelait sans répit, me fit converser avec son épouse à travers de la webcam, une dame adorable et charmante au demeurant, qui ne comprenait pas cette frénésie aussi soudaine qu'impromptue dont sont mari faisait preuve à mon égard. Je lui dis qu'il en était de même pour moi, et que je ne voulais pas la faire souffrir, que j'étais prête à tout arrêter, que mon époux, lui, n'avait pas eu vent de notre histoire, enfin pas encore, et que je ne me sentais pas le courage de lui annoncer, pas plus que je ne possédais la force de faire de mal à l'un comme à l'autre. Je nageais alors en pleine confusion des sens. Océan houleux, mer morte ressuscitée, horizon brouillé.

    A. voulait tout et tout de suite. Il postula alors dans différents domaines, quittât son emploi, et prit la décision de venir travailler dans le sud dans l'espoir d'y couler des jours heureux à mes côtés. Il m'envoya son curriculum vitae afin de me persuader de la bonne foi de ses sentiments, c’est du moins ce qu'il croyait, cela n'était rien d'autre qu'un grand désir. Il ne fallut pas confondre. La frontière était aussi fine que difficile à percevoir. Il m'écrivait sans cesse, voulant toujours plus et toujours plus vite. Encore une fois, je fus prise malgré moi dans une chevauchée aussi inimaginable que destructrice dont je ne tenais les rênes d'une seule main. L’autre main ne lâchât jamais celle de mon mari, pas plus que celles de A ne quittèrent la main de sa femme. Dieu merci. Irisation de la vie, lorsque les couleurs pâlissent...

    A ce jour, A. n'en reste pas moins un ami, avec lequel je converse par courriel de temps en temps, le plus clairement qui soit. Les ambiguïtés faillirent ruiner le reste de mes jours, et les siens, alors maintenant, oui, je tiens bien les rênes de ma monture, et de plus, j’ai acquis une très bonne assiette!!!

    Mais avant d'en arriver là.... L'homme adultère est un play-boy, et la femme dans tout ça?...