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maladie

  • De l'amour salvateur...

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    "Etre malade rend moins con, mais pas les autres". Charlotte Valandrey

  • Il fallait le dire.

    Je voudrais tant vous dire… qu’il fait aussi beau dans ma tête que sur mes images, vous dire que je n’ai plus peur, de tous ces jours qui se meurent, de toute cette maladie dont je prie l’accalmie chaque jour que Dieu fait.

    J’aimerais tant vous dire la beauté de ces paysages, imprégnés dans mon cœur et dans mon âme, mais quand la mort rode autour de vous, il est difficile de faire fi de tout cela. Cette peur infâme à laquelle personne ne devrait avoir droit ; Celle qui vous absorbe et vous happe littéralement  jusqu’à vous sentir tout petit, pathétique et minable.

    On ne le dira jamais assez aux jeunes, profitez de tout, mais n’abusez de rien, tôt ou tard les conséquences sont rudes et tonitruantes, telle la résonnance d’un chat miaulant la perte de sa mère sur un toit la nuit, ou bien la femelle qui aurait perdue ses petits. Mais je ne sais que trop bien que rien, non rien ne saurait remplacer le temps qui passe, et qui par là même s’en vient vous dire ses expériences. Ah ! si seulement je pouvais persuader un adolescent de mes dires et de mes mots, le contraindre à ne pas céder à la tentation de l’excès, je saurais, l’heure venue, ce pourquoi j'ai vécu. 

    En attendant, vive la vie, la nature dont je m'enivre chaque jour, les choses saines et simples, et ce visage dont je remplace (comme vous pouvez le voir) chaques jours l'avatar, car chaques jours les traits d'un visage sont plus parlants que des épithètes, et je souhaite que nous en soyons les témoins.  Je continuerai à me battre jusqu'à mon dernier souffle, et bien que je fume, mes poumons ont encore de l'amplitude...

  • Jean-Paul Aron 1925-1988

    « Les événements de 68 ne créent rien mais dévoilent des représentations sourdement mûries depuis l'envol de la civilisation d'abondance : du pluriel ; de l'éclatement ; du corps épanoui et battant.


    En France le sexe ronge son frein dans les fers alors qu'il s'émancipe par tout l'Occident. En novembre 1968, éberlué, j'assiste à New York, dans Soho, pas encore « in » mais dangereux à traverser de nuit, au spectacle Dyonisus Sixty-Nine, d'après les Bacchantes d'Euripide. Les acteurs du « Performance Group » y jouent dévêtus, accueillant dans cet appareil, pour les conduire à leurs sièges, les participants à une liturgie barbante. Célébration d'un corps sublimé, bientôt exporté en Europe où, en 1969, Paris acclame Hair, le rite du nu se galvaudant dans les comédies musicales sans y gagner en piquant, car ici, comme dans les sex-shops, l'érotisme est aliéné par le discours.


    Les équivoques de Mai 68, de la licence coalisée à l'ascèse, s'exaspèrent dans le militantisme sexuel. J'ai parlé de l'acte de naissance du FHAR dans le numéro 12 deTout, journal de Roland Castro. L'homosexualité s'affiche et se banalise par le double truchement de l'idéologie et des lieux - bars, boîtes, clubs, saunas, cinémas -, où la baise est de rigueur, à la mode américaine, dans des salles réservées nommées « backrooms », les ténèbres y figurant le dernier rempart du tabou.


    C'est l'époque où les femmes se croisent pour raccorder la dignité à leur désir, à l'instar de l'homme, lui ôtant les brevets de la galanterie et de l'initiative. Elles profitent, d'une conjoncture idoine, de la démystification de l'amour qui s'affranchit à force de désamorcer ses attraits. En 1974, pour réclamer une jouissance sans entraves, elles sont 343, bénies par le MLF, à se vanter dans un manifeste d'avoir volontairement interrompu leur grossesse.


    Les deux sexes engagent une lutte pour une reconnaissance mutuelle qui ébranle les interdits en abaissant l'âge des étreintes. Le milieu populaire où la classe dominante avait réussi à implanter ses censures se déculpabilise en cadence des milieux nantis. En 1974, Giscard, à peine élu, ramène de vingt et un ans à dix-huit l'âge de voter et de disposer de sa personne. En 1976, par la légalisation de l'avortement, toutes les femmes sont officiellement conviées au plaisir.


    Occasion pour les hommes de faire valoir réciproquement leur droit à la beauté, autrefois ratifié par l'aristocratie et froidement aboli par les bourgeois d'après la Révolution. »

    « Personne ne peut prétendre vivre la marginalité dans le bonheur. On peut simplement parfois en éprouver une jouissance, je pense l'avoir quelquefois ressentie. »

    Jean-Paul Aron

  • La raison de ma présence à Marseille...

    Aujourd'hui vendredi 25 novembre,  je suis sur la route pour me rendre à l'hôpital de jour, celui de Ste marguerite, à Marseille.  Mon mari conduit, il est comme toujours impassible. Quelle chance! Quant à moi, la peur m'envahit, j'ai très mal au bras gauche, j'ai déjà fait des mini infarctus, j'ai peur, oui, pour la première fois, j'ai peur de mourir... Mon Dieu, Vous le Tout-Puissant, "pitié", laissez moi encore un peu de temps. Du temps pour passer avec mes animaux, surtout que nous venons d'acheter une ponette, (je vais la nommer Bobine!) Elle arrive mardi, serais- je encore vivante d'ici là? Oui, il ne peut en être autrement.  Le ciel peut attendre encore un peu, il sait combien je l'aime, le ciel, chaque jour nous avons rendez-vous, vers la fin de l'après midi, quand il descend, quand il décline, c'est à ce moment qu'il est le plus beau. Lorsqu'il se cache derrière les collines, il me tend ses rayons comme des tentacules voulant juste m'effleurer. Alors j'immortalise ces instants avec mon i phone. Les couchers de soleil ne sont jamais les mêmes, ils varient , selon la couleur du ciel. Allez, je m 'allume une cigarette, j'en ai envie. Depuis ces quelques mois., il faut que je la déclenche cette envie, par de la morphine ou de la codéine qui m'aident à ne pas trop souffrir. Parfois je prends même un dafalgan  codéine, alors la cigarette est meilleure. On peut dire que je l'aurais bien cherché la mort, de toute façon, elle est présenté en chacun de nous, prenant de l'ampleur à chaque secondes qui passent. Chez  moi, elle est installée depuis maintenant plus de vingt cinq ans, alors je me sens un peu immortelle, oui, mais moins depuis quelque temps. C'est cela qui me fait peur, m'inquiète,  m'angoisse. C'est terrible l'angoisse, elle vous dévore, vous happe, vous maltraite avec ardeur. Je ne dois pas avoir peur, car comme dit Montaigne "Qui craint de souffrir, souffre déjà de ce ce qu'il craint."

    Alors,  pas d'affolement. L 'art est très précieux à ma survie. Les classiques surtout.

    Représentation intégrale de mon état, puisque les peintres, poètes, philosophes,ou écrivains auxquels je suis particulièrement attachée, ont cassé leur pipe depuis longtemps. Passéiste totalement partielle!

    Je me dis qu 'il est possible qu'ils m'appellent.  À force de les faire revivre, ils se seraient concertés, concernant mon arrivée dans un éventuel au - delà. Mais je dois déraisonner, je suis très forte à ce jeu là.  De plus ma grand-mère vient de s'éteindre il y a un mois.  Et si elle me voulait à ses côtés? Mais, qui pourrait le dire'? Ce ne sont que des suppositions.

    Je sens que ça va mieux. Le soleil, mon meilleur ami est au zénith en descendant  vers Marseille, puis écrire me fait du bien.  J'exulte. Je prie Dieu, et la Bonne Mère de m'octroyer quelques années supplémentaires, s'il vous plaît Monsieur l'Eternel, ne m'abandonnez pas, pas encore. Je fais le vœu de vivre encore cinq ans, pas une année de plus... promis, je serai sage.  Très sage, que j'aille en enfer si je mens.  Plus sincère,  ce n'est pas possible. Je porte le crucifix que maman à fait bénir par le curé de Notre Dame de la Garde.. Me gardera- t- elle, et si oui, encore combien de temps?  Je prie,  je nourrie ma foi, mon àme, tout ce que je peux   Je prie in petto, à tue- tête ...  Je ne conçois plus ma vie sans la prière...

    Me voilà à l'hôpital, dans ce que j'appelle l'abattoir, il y'a quatre personnes devant moi. J'apprends la patience, armée de philo magazine, ou de beaux-arts magazine, je n'en fini pas de fuir.  Tout pour ne pas voir alentour. J'écoute France culture, " la science publique" est l'intitulé de l'émission. Je remplis presque tous mes sens afin de ne pas perdre, le sens de la vie.

    La culture, toujours.  Ce n'est pas une question de quête du savoir, oui, cela en est un peu, je mens, mais c'est également un besoin de connaître davantage le monde tel qu'il est représenté à l'heure d'aujourd'hui.  Corpus personnel.  Même si je sais qu'on ne sait jamais.  Au plus j'avance dans l'âge, et malgré de nombreuses lectures dans multiples domaines,  je sais que mon savoir est infime, une poussière de l'étoile dans le ciel des connaissances.  Je mets tout en œuvre afin d'avancer, mais souvent je dois courir après ma mémoire.  Mon traitement me joue des tours de passe-passe, comme la concentration qui parfois, est réduite à zéro.  D'où , les fautes  en orthographe, que je fais parfois. Le nom des tableaux, celui des artistes me font parfois défaut, et j'exécute toutes les tentatives afin d'y remédier.

    En attendant mon tour, je continue d'exister, je suis, même si mon "je"est un autre, pour l'instant il est bien à moi.  Je prends une photo de la salle d'attente, cet endroit est très hygiénique, décoré de tableaux à bas prix, mais le calme est présent, c'est le plus important. Certains patients semblent sereins, d'autres beaucoup moins. Les regards se cherchent, se scrutent. Nous communiquons en silence, tous dans le même tableau, réaliste, hélas.

     

     

  • Mort inachevée

    Serait-ce ma vie que l’on a attaquée

    L’année de mes vingt ans par mes jours menacés

    Dansèrent le signe d’une vie éphémère

    Mon autopsie dira qu’il s’agit d’un cas spécial

    Que dans mon corps on voit tout en détail

    Conséquence d’une jeunesse  solitaire

    Défaillances d’une adolescente téméraire

    Aux fortes défonces militaires

    Si j’en fais l’inventaire je fus tant réfractaire

    Que je n’en suis pas si fière

    Analyses positives au H.I.V

    Je ne suis plus qu’une qu’un microbe entier

    Depuis tout a changé

    Mon avenir irradié par la veine capitale

    A perdu tout espoir de me revoir  dans une cathédrale

    Désormais je n’existe plus que dans un oracle

    Dont je suis mon propre réceptacle

    Quelque chose d’infâme

    Pourrit jusque dans mon âme

    Un intrinsèque  virus

    Joue à la roulette russe

    Et si l’organisme se défend

    C’est toujours à mes dépends

    Que l’on voyage dans mon sang.

    Une entité dévastatrice

    Dont je serai ma propre investigatrice

    A inversé la tendance

    Du jeu sordide de la chance

    Je vis et pourtant je meurs à chaque réveil

    Devinant ma lucidité saillante

    Pour ne jamais oublier, l’éternel appel de la mort errante

    Les aiguilleurs du ciel

    Et leurs dieux ont rejeté mon appel

    Je serai donc exécuté pour l’éternité.