Aujourd'hui vendredi 25 novembre, je suis sur la route pour me rendre à l'hôpital de jour, celui de Ste marguerite, à Marseille. Mon mari conduit, il est comme toujours impassible. Quelle chance! Quant à moi, la peur m'envahit, j'ai très mal au bras gauche, j'ai déjà fait des mini infarctus, j'ai peur, oui, pour la première fois, j'ai peur de mourir... Mon Dieu, Vous le Tout-Puissant, "pitié", laissez moi encore un peu de temps. Du temps pour passer avec mes animaux, surtout que nous venons d'acheter une ponette, (je vais la nommer Bobine!) Elle arrive mardi, serais- je encore vivante d'ici là? Oui, il ne peut en être autrement. Le ciel peut attendre encore un peu, il sait combien je l'aime, le ciel, chaque jour nous avons rendez-vous, vers la fin de l'après midi, quand il descend, quand il décline, c'est à ce moment qu'il est le plus beau. Lorsqu'il se cache derrière les collines, il me tend ses rayons comme des tentacules voulant juste m'effleurer. Alors j'immortalise ces instants avec mon i phone. Les couchers de soleil ne sont jamais les mêmes, ils varient , selon la couleur du ciel. Allez, je m 'allume une cigarette, j'en ai envie. Depuis ces quelques mois., il faut que je la déclenche cette envie, par de la morphine ou de la codéine qui m'aident à ne pas trop souffrir. Parfois je prends même un dafalgan codéine, alors la cigarette est meilleure. On peut dire que je l'aurais bien cherché la mort, de toute façon, elle est présenté en chacun de nous, prenant de l'ampleur à chaque secondes qui passent. Chez moi, elle est installée depuis maintenant plus de vingt cinq ans, alors je me sens un peu immortelle, oui, mais moins depuis quelque temps. C'est cela qui me fait peur, m'inquiète, m'angoisse. C'est terrible l'angoisse, elle vous dévore, vous happe, vous maltraite avec ardeur. Je ne dois pas avoir peur, car comme dit Montaigne "Qui craint de souffrir, souffre déjà de ce ce qu'il craint."
Alors, pas d'affolement. L 'art est très précieux à ma survie. Les classiques surtout.
Représentation intégrale de mon état, puisque les peintres, poètes, philosophes,ou écrivains auxquels je suis particulièrement attachée, ont cassé leur pipe depuis longtemps. Passéiste totalement partielle!
Je me dis qu 'il est possible qu'ils m'appellent. À force de les faire revivre, ils se seraient concertés, concernant mon arrivée dans un éventuel au - delà. Mais je dois déraisonner, je suis très forte à ce jeu là. De plus ma grand-mère vient de s'éteindre il y a un mois. Et si elle me voulait à ses côtés? Mais, qui pourrait le dire'? Ce ne sont que des suppositions.
Je sens que ça va mieux. Le soleil, mon meilleur ami est au zénith en descendant vers Marseille, puis écrire me fait du bien. J'exulte. Je prie Dieu, et la Bonne Mère de m'octroyer quelques années supplémentaires, s'il vous plaît Monsieur l'Eternel, ne m'abandonnez pas, pas encore. Je fais le vœu de vivre encore cinq ans, pas une année de plus... promis, je serai sage. Très sage, que j'aille en enfer si je mens. Plus sincère, ce n'est pas possible. Je porte le crucifix que maman à fait bénir par le curé de Notre Dame de la Garde.. Me gardera- t- elle, et si oui, encore combien de temps? Je prie, je nourrie ma foi, mon àme, tout ce que je peux Je prie in petto, à tue- tête ... Je ne conçois plus ma vie sans la prière...
Me voilà à l'hôpital, dans ce que j'appelle l'abattoir, il y'a quatre personnes devant moi. J'apprends la patience, armée de philo magazine, ou de beaux-arts magazine, je n'en fini pas de fuir. Tout pour ne pas voir alentour. J'écoute France culture, " la science publique" est l'intitulé de l'émission. Je remplis presque tous mes sens afin de ne pas perdre, le sens de la vie.
La culture, toujours. Ce n'est pas une question de quête du savoir, oui, cela en est un peu, je mens, mais c'est également un besoin de connaître davantage le monde tel qu'il est représenté à l'heure d'aujourd'hui. Corpus personnel. Même si je sais qu'on ne sait jamais. Au plus j'avance dans l'âge, et malgré de nombreuses lectures dans multiples domaines, je sais que mon savoir est infime, une poussière de l'étoile dans le ciel des connaissances. Je mets tout en œuvre afin d'avancer, mais souvent je dois courir après ma mémoire. Mon traitement me joue des tours de passe-passe, comme la concentration qui parfois, est réduite à zéro. D'où , les fautes en orthographe, que je fais parfois. Le nom des tableaux, celui des artistes me font parfois défaut, et j'exécute toutes les tentatives afin d'y remédier.
En attendant mon tour, je continue d'exister, je suis, même si mon "je"est un autre, pour l'instant il est bien à moi. Je prends une photo de la salle d'attente, cet endroit est très hygiénique, décoré de tableaux à bas prix, mais le calme est présent, c'est le plus important. Certains patients semblent sereins, d'autres beaucoup moins. Les regards se cherchent, se scrutent. Nous communiquons en silence, tous dans le même tableau, réaliste, hélas.