" L'Art est long et le Temps est court" Baudelaire - Page 32
-
William Blake 1757-1827 "Le cercle des luxurieux" 1824-1827
-
Nuances...
-
Beautés plurielles, chef d'oeuvre éternel, sous le ciel vénitien...
Décidemment le temps et le climat influaient sur la spécificité de mon humeur, de mes tumultes et de leur résonnance. Il était une fois un regain de froid et d’hiver, où la volupté du soleil chaleureux s’était à nouveau assoupie. Le gris du ciel ne m’inspirait point. Des images des couleurs, des tableaux, quelques illustrations, ou dessins, rendraient à mon âme tout le lyrisme nécessaire à la sublimation de l’art. Je pensai alors à Venise, à ce voyage immobile où quelques peintres m’attendaient dans les couloirs du temps, au détour du palais Sagredo ou de l’église Saint Aloise à la magie de fresques superbement éclairées. Tout ceci vous transportait dans différentes époques, au début du vingtième siècle, époque néo byzantine, où Klimt colorait ses femmes sublimes, telles que Judith ou Salomé. La luxuriance de l’Orient se mariait avec l’occident, tambour battant, c’était le rendez-vous des turbulences artistiques, magiques et passionnées. Tel mon cœur saturé de petits bonheurs en grandes espérances, je suivais à la trace ces richesses d’un autre temps, je remontais les chemins de traverse, arpentant les rues vénitiennes où des siècles d’histoire se cachaient au détour d’une Transfiguration leTitienne, autre lieu, autres temps, autres vies. Comment résister à un Casanova démasquant ce site à l’onde imperturbable, ou un Carpaccio, un Antéchrist à Torcello, figures emblématiques vénitiennes.
Tous ces trésors cachés, il fallait les percevoir, les chercher, puis les admirer. Le Palais des Doges, vu de nuit, dont la lumière ocre et dorée se confondait majestueusement au son du clavecin d’un prélude de Vivaldi. Infiniment et pour longtemps. Les moments les plus fabuleux avaient leur lieu, et cet endroit là, résonnait dans ma tête, le cœur aux couleurs secrètes se déféraient au fil des gravures que j’avais sous les yeux. La casa Torres, conçue dans les années 1910, résurgence d’une inspiration nouvellement évoquée. Un concerto de Vivaldi, Goldoni l'élève à l'insolence certaine, la gravité de la musique de Monteverdi, ou bien celle de Da Ponte et Les noces de Figaro, Mozart n’est pas bien loin.
Véronèse dit un jour : « Nous les peintres, nous prenons les libertés que prennent les poètes ou les fous. » Cette sentence résume bien des textes descriptifs. « La Montée au Calvaire » du Tintoret, La conquête de San Rocco, tout n’est qu’opulence à La Scuola Grande di San Rocco. Autre temps, autre époque, autres amours, qu’il suffit de faire résonner, revivre de temps en temps, quand les périodes maussades viennent refaire surface, se plonger dans les eaux troublées d’une Venise grandiose, et pourquoi pas s’y noyer si nécessaire, pourvu que l’on soit ressuscité par la grandeur et la candeur de tous ces chefs-d’œuvre, qui ne nous laisseront jamais disparaître de la surface des art mateurs. "Vedere Venizia e morire"...
Bon voyage à la faveur de la sérenissime…
"Déploration du Christ" Le Tintoret (clair-obscur)
-
Le souffle du nuage.
-
Pour la beauté des images. Une autre odyssée...
-
Nuit et jour... Mes nourritures célestes et terrestres.
Une heure du matin, des trombes d'eaux sur le toit soudain m'arrachent à mon sommeil. Il pleut averse, enfin un semblant de déluge. Depuis ces derniers jours, on pouvait sentir l'aridité d'une terre jaunissante par un soleil inaugural et intense. L'herbe mouillée donnerait plus tard, le foin nécessaire aux animaux. Il fallait qu'il pleuve beaucoup. Le tonnerre grondait tel un animal féroce. Impressions belliqueuses. Bruits terrifiants. Vents forts et pluies ravageuses… Quelque chose semblait être sur le point d'exploser, puis sentiment de réconfort d'être à l'abri. Je pensai alors à ces moments de guerre pendant lesquels nos grands-parents meurtris par la terreur devaient se terrer. J’esquissai dans ma tête ce que pouvait ressentir tous ceux qui n’avaient pas choisi d’être sous les bombes, à chaque canonnage, quelle devait être leur peur. Indescriptible. Oui, les éclairs et ses bruits de fureur me laissaient imaginer cet espace dans le temps, cet abominable interstice qui dû laisser bien des séquelles. Tout raser pour tout reconstruire, que de temps perdu que la folie des hommes. Je cherchais dans mon tréfonds le pourquoi de tels actes. Un élément bien précis me chagrinait, comment des hommes pouvaient-ils obéir à la volonté de quelques diktats ? Cela me laisse perplexe quant à la question de l’âme humaine. A ce sujet, Oscar Wilde disait que « Quiconque a étudié l’Histoire sait que la désobéissance est la vertu première de l’homme, et que c’est par celle-ci et la rébellion qu’il a progressé ». Je vous laisse apprécier… Les abolitionnistes, eux seuls peuvent nous être d’un grand secours. Ne soyons plus des moutons, et mettons en mouvement et en pratique nos souvenirs à ce propos. Il est essentiel que tout cette Histoire serve à nous faire avancer. Ne plus se complaire mais aller vers une véritable subversion. Facile à dire, mais, si complexes sont ces colossales croyances.
A défaut de transition, je file droit vers la digression, me suivez-vous ?
J'attendais et préparais le moment où je serais vraiment indestructible et heureuse. Je suivais, je le pense le bon chemin.
Cherchant autour de moi les plus beaux sites d'une région dont je commençais seulement à percevoir la typique réelle des lieux mystiques, les pierres séculaires, les arbres millénaires, les sentiers escarpés et ombragés, les rivières claires et torrents rugissants, et si je faisais preuve d'un incroyable courage, c’est que tout cela m'était encore partiellement inconnu, et que je débordasse de vitalité et de volonté, c’était pour m'unir au concave de cette nature et de ces paysages panoramiques qui s’offraient à mon horizon. Certes, il fallait parfois marcher des heures, bâton en main, crapahuter sac à dos, essoufflée mais heureuse. Je rapportais quelques belles images de ces endroits que je parcourais, parfois même dans une solitude aimable car choisie. Il me fallait fermer les yeux quelquefois, l'espace d'un instant afin de vérifier mon équilibre, apprendre à me repérer dans les bois, parmi des illustres sapins, chênes, épicéas ancestraux, tilleuls ou châtaigniers. Sans parler des rocailles, des éboulis dont je pouvais dévaler la pente selon l'inclinaison. Parfois je m'étendais sous un ormeau balançant ses branchages, pourvu de feuillages encore nouvellement nés. Je reprenais un souffle court, puis repartais de nouveau vers les cimes souvent inachevées. Mon corps engourdit reprenait vie tout au long des ces allées. J'avais la sensation de traverser les âges. Parfois, des phrases ou des mots, à la description précise résonnaient en moi, et j'aurais du casser la cadence de mes pas pour pouvoir noter ces bribes de vie. J'apprenais ainsi le repérage, la mémoire, retenir jusqu'à mon arrivée les points nodaux, prédicats de ces instants passés avec lesquels je fusionnais littéralement.
Le langage de la nature s’approfondissait en moi, et tel un « Promeneur solitaire », je m’étourdissais d’air pur, d’herbes joyeuses, de senteurs de terre imbibée et musquées, de tout ce qui fait un ensemble des renfoncements encore méconnus de notre magnifique courant tellurique. Tout ce qui ne finira jamais de nous émerveiller pour peu que l’on s’y penche, cela est infini, visionner avec attention chaque parcelle du sol, et renaître comme dans un film à la vie sauvage et éternelle, pour nous sauver.
-
"Toilette de Venus" Rodin" 1885 (Bronze)
-
Hauteurs de Saou.
-
"Une certaine idée de l'infini..."
http://www.pileface.com/
-
Picasso : "Les Trois Musiciens"
-
Printemps, l’Éclaircie...
Les senteurs boisées et épicées de la campagne accompagnaient cet hymne à la beauté, sur lequel le printemps débutant venait de lever le voile. Ce spectacle là valait bien tous les opuscules du monde, et, prise entre terre et ciel, mes sens étaient exhortés et entre- deux planètes sublunaires. Quelle splendeur que la résurrection de cette magnifique saison. Le printemps, le renouveau, le reviviscent, naître à nouveau, vivant en osmose totale avec La nature, le sublime sous mes yeux, je reprenais de l’amplitude, je renaissais à la littérature, à la magnificence des livres que je parcourais avec férocité. Il y en avait (presque) pour tous les goûts.
Sur ma table de chevet encombrée, du Sollers à grande échelle, bons nombre de ses livres y siégeaient pour mon plus grand bonheur. Il y avait aussi Thomas de Quincey et ses souffrances opiacées, ou encore Rilke ou Goethe pour leur poésie si épurée. Puis, s’en vient Artaud et Van Gogh alimentant un besoin avide de connaissances. Tous les domaines établissaient leur nid au creux des jougs, des addictions pléthoriques du Savoir sans fin.
Je devais remercier Sollers pour ses encyclopédies à nulle autres pareilles, mêlant plaisirs et connaissances, savoir et recevoir. Je lui dois beaucoup. De livres en livres, je n’en finirai jamais d’apprendre et de m’enrichir de ses sciences infusées, très très aromatisées. Que voulez-vous, cet auteur est un magicien, qui non content de ses précieuses curiosités, porte en lui la magique déflagration de vous faire voyager par je ne sais quelle potion dont lui seul détient la recette et porte l’estampe, le sceau dans la paume de ses mains. Je pourrais énumérer ses préférences, je les connais sur le bout de mes doigts : La Chine, les Papes, Paris, Venise, la Grèce, puis ses auteurs et peintres ô combien affectionnés, tels que Homère, Stendhal, Voltaire, Nietzsche, Artaud, Baudelaire, Rimbaud, Châteaubriand, Sade, Casanova, Saint-Simon, Picasso, Manet, irréductiblement, Fragonard, et j’en oublie tant la liste est longue. Pendant que je recherche tout ce qui me fait défaut, j’apprends dans la « Guerre du goût » tout l’Art du monde en un seul livre. « Eloge de l’infini » est vraiment infini. Tout cet art vous affranchit et vous fait avancer sur la grande échelle de l’érudition tonitruante, assourdissante, déployée et vivante. Lire Barthes exprimer son admiration pour « Paradis I et II » entre-autres. Ouvrage sans ponctuations ni majuscules. « Aller à l’essentiel »… Cela est majeur. Ecouter un rondeau de Bach, Haendel et son Messie, ou encore Haydn et ses Surprises militaires vous émouvoir, ou encore le Requiem de Mozart, cela est essentiel, comme la voix de Cecilia Bartoli au lyrisme parfait, dirait-il. Tout cela monte aux Cieux...Majestueux.
Donner aux lecteurs l’envie de vivre, de savoir, d’apprendre, de vous surprendre quelquefois lorsqu’il parle d’amour… cela n’appartient qu’à lui. Il est le feu d’une doctrine concupiscente, sensuelle et avec suites. La musique classique ou le jazz, rien ne le laisse froid. Cette volonté du bonheur, si déficiente chez des écrivains pourtant magistraux, Sollers, lui, est le chef d’orchestre d’une sonate au clair de lune sous une tonnelle ou une véranda à Venise, le Bien et le Juste, il en fait son affaire. Les affres de la vie ? Il n’en a que faire, cela l’indiffère, il ne le digère pas. Tandis que d’autres aiment à se perdre, lui, s’est trouvé depuis longtemps déjà. Apprendre la vie, oui, avec Ph. Sollers, on s’initie en s’amusant. Je suis sûre d’une seule chose, c’est que je n’en aurai jamais fini avec cet extravagant personnage, citant quelques vers de Baudelaire, et, éclaircissant tout ce qui jaunit. Le passé n’est jamais une question de mode. Tout est retranscrit au goût du jour, et cela avec l’amour des mots, le style, lui, l’a dans la peau, dans l’évanescence des mots, sémiologiques et authentiques. Ses anaphores et ellipses sont des grains de beauté imprimées sur ses pages raffinées. Infiniment et pour toujours, Sollersienne. Sans tambour ni trompette, mais à la lueur de la clarinette ou du hautbois, de ses fugues ou de ses rigodons…Allons bon, voici Vivant Denon et ses lendemains rendus !
-
L'air, le vent, la nature et les chants...
Je suis l’air, le vent, la musique et les champs, tout ce qui fait respirer plus fort, entre dans mon corps, me caresse, me surprend, me ravive. Après le froid, s’en revient la saison joyeuse, la saison des amours, celle que je parcours toutes voiles dehors.
Les routes sinueuses régénèrent tout l’eudémonisme dont je suis la courtisane insubmersible, la fugace dérobade d’une nature revigorante. Les sapins, les roches, les hauteurs, les grands espaces n’en finissent pas de m’intriguer, et j’observe, je sens, je ressens, je vois, j’écoute, je suis. Je lis dans la nature comme dans un livre, ce même livre dont je m’enivre à chaque coup d’alizés.
Je rentre, et j’entends, Bach me saisie, la dérobade, la sonate au clair de mes jours paradisiaques.
Oui, j’aime la vie, et quand elle fait des rigodons, je fugue, je me dérobe, je suis saisie. Merci Haydn, Haendel et Jean-Sébastien, Dieu vous le rendra …
On m’écrit, en secret, je suis la destinataire des gens qui s’intéressent à ce blog tant aimé, mais en secret. Les personnes parlent plus librement, et j’adore ça. Je leur dit merci, même à celui pour qui « The Artist » ne vaut pas grand-chose, pour un poète, c’est dommage, ne pas percevoir la poésie dont soupire le film… Mais tous les goûts sont dans la nature.
Vivre, être, lire, (beaucoup) , avec cette passion dévoreuse d’âmes, puis, écrire. Toujours plus haut, avec le lyrisme qui s’ensuit, et cela, pour le restant de mes jours...et de mes nuits.
Photographier sa vie, et la lumière submersive qui l'accompagne.
-
La folie des espaces...
-
Bobine et moi!
-
Cinéma.
Mes lecteurs n'aiment pas lire mes peines. Ils me "veulent" toujours joyeuse, gaie, enjouée, pourvue d'une vivacité spirituelle et puis c'est tout. Mes humeurs et états d'âmes, je dois les taire, chut, assez de tristesse sur les ondes, conséquentes à une conjoncture en occurrence atonique.
La preuve est donnée, justifiée par le résultat de "The Artist", pourvu de critiques dithyrambiques et tant méritées, pour cause, quel émerveillement ! Je suis encore transportée dans un passé si présent, et si précieux, là où le raffinement avait encore un sens. Suivant le regard de la caméra filmant le savoir faire incontestable d'un acteur à la prestigieuse vélocité, digne d'un Charlie Chaplin ou d'un Maurice Chevalier. Durant quelques secondes on croirait voir Ginger Rogers et Fred Astaire réssuscités, faisant des claquettes, carillonnant dans nos têtes!
Il y a les films, puis un jour, un autre, hors norme, toutes catégories confondues vient vous emporter une heure et demie sur une autre planète, dans un autre monde, plus humain au demeurant, et qui n'en finit pas de nous sourire, et nous laissant cois. Vous pleurez, vous riez, vous doutez de la suite des évènements, mais vous êtes vivants. L'humanité toute entière devrait remercier ce réalisateur,ainsi que toute l'équipe au talent incroyable. Film reconnu d'intérêt public, cela devrait être souligné. Que du bonheur…, Non, trop facile à dire, raisonnement factuel qui vous laisse perplexe, des adjectifs? Nuls mots pour définir les émotions procurées par ce super métrage. De la pellicule de soie, des fils d'or brodant un scénario plus que parfait. Des acteurs libres d'aimer, de jouer, de rire et de danser sur la scène des studios des années trente made in Hollywood. Le cinéma parlant n'a plus qu'à se taire, laissez nos sens visuels tracer nos émotions les plus pures qui soient se remettre le plus naturellement possible au gout du jour. Requérant une concentration certaine et obligatoire malgré nous, malgré tout. Un chien dont je suis tombée amoureuse n'a pas fini de me surprendre, malgré une retraite bien méritée. Je vais revoir et revoir jusqu'à plus soif ce chef-d'oeuvre. Uggie le magnifique, l’incroyable talent d’un Animal, à l’intelligence bien plus acérée que nombres d’individus.
Que la vie est belle en Cinémascope et en noir et blanc ! Le passé, loin d'être dépassé s'en revient vous transférer dans un ailleurs tout près du coeur, vous rendre ses sentiments, loin d’être muets, et paradoxalement, sans paroles, si évocateurs, si révélateurs. L'Artiste est de l'Amour, tout simplement, et encore de l'Amour. Le mime vaut tous les idiomes du monde. Le jeu des acteurs, l'ampleur du savoir-faire, le Talent, le vrai, l'unique, tout cela est rendu. Trop court. De toute façon, trois heures n'auraient pas étanché la soif de bonheur et de gaieté dont nous avons besoin. « The Artist », incontestablement et pour longtemps, the only one!