Je pense avant de commencer à être celui qui pense : « Je suis. »
Sinon, moi serait un autre, et Je suis précisément, non pas moi mais cet autre.
[Rimbaud :] « Cela m’est évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute... ».
Eloge de l’Infini, Folio, p. 19.
Le cogito s’est mis à battre la chamade depuis les origines de l’homme. Humblement, le mien vous livre quelques extraits de « Eloge de l’Infini » qui m’ont touchée. « Absolu » dis moi qui tu es ? Le mien s’appelle « absolitude »... Mais l’art serait-t-il plus fort que la plus absolue des solitudes : la mort ?
"Mais oui", incontestablement, il est le prolongement de la vie, le prolongement de la main en mouvement, cherchant avec précision à dessiner sa propre destinée. Un Salut avant le Néant ?
« Si Claudel écrit par exemple : « Le paradis est autour de nous à cette heure même avec toutes ses forêts attentives comme un grand orchestre invisiblement qui adore et qui supplie » (ce qui est déjà une manière de traduire Rimbaud, comme le feront Breton, Aragon et tant d’autres), nous y sommes un peu et pas du tout, car les "forêts attentives" n’adorent pas, ne supplient pas, elles ont autre chose à faire.[...]
Quoi ? Rien. Mais pas rien justement, et de cela Cézanne est décidé à nous convaincre. En réalité, tous les arbres sont des Cézanne, on devrait les appeler ainsi ; les pins, surtout ? Oui, mais aussi les autres. Leur façon d’éclairer l’espace où, la plupart du temps, nous n’entrons pas, que nous n’éprouvons pas. »
Eloge de l’infini, Folio page 21.
Si la situation géographique fut aussi nécessaire à l’inventivité de Cézanne, je serais donc "bénie" de vivre en ce lieu de la Sainte-Victoire, si chère à mon coeur. C’est là où je vis.
« Très peu d’individus voient, c’est plus qu’étrange, mais c’est ainsi. Il ne faut donc pas s’étonner si le moindre spectacle a, sur la majorité, tant d’effets... »
Eloge de l’infini, Folio page 22.
Ne serait-il pas temps de prendre le temps de voir et de se contenter de ce que la nature nous offre, côté pile, côté face, sur la tranche, en diagonale, rais obliques de lumière entre les arbres de Cézanne... ?
« Ou encore tout simplement :
[Baudelaire :] Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair. »
Folio page 288. Philippe Sollers »
Eloge de l’infini,