Dans un brouillard épais, les arbres dénués de tous feuillages, paraissent être bien davantage que leur propre image. Il n'appartient qu’à nous de laisser vagabonder ce que le paysage nous offre en partage. La lumière opaline donne la parole au silence qui décline, respectueux et sublime. Dans la pâleur extrême, rien que des je t’aime imaginaires, des bruits furtifs, des animaux se saluent avec déférence, c’est leur façon à eux de rester dans la danse. Pas un sifflement d’oiseau, tout est calme, le décor endormi dit que tout est beau, je le crois, infiniment beau, dépouillé de ses oripeaux. A l’horizon d’étranges visions, pas un chat, même noir, nature incolore imposante et merveilleuse. Révérencieuse offrande de Dieu, arbres effilés, temps d’hiver assuré. Le ciel semble endormi, dans l’immensité de la vie, et les fleurs se terrent, attendant patiemment la douce lumière, la venue de l’anthère, dans un sursaut, au milieu des terres, champs de blés encore gelés. Nouvelle saison attendue, mais pour l’heure tout est nu, plat sans fin, infiniment serein. Un coup de fusil retentit, au loin, dans la plaine, il semble venir de loin, dans un univers de paradis perdus, un univers impur perturbant le doux désordre de la forêt qui gronde. Mais trêve de faconde. La journée fut aussi blanche que transparente, c’est un jour sans… L’extérieur incolore est sévère, et ressemble au désert qui déployant ses mystères, joue de la musique sans faire de bruit. Le ciel et l’atmosphère se confondent, seuls les animaux animés par une légère brise, restent imperturbables, petits monstres affables, ils n’ont que faire des sursauts du froid ! Les histoires d’atmosphère, cela n’est pas leur affaire. La température côtoie les moins cinq degrés, le climat est hostile, la chaleur dans les cœurs. C’est la fin d’une année, un avant-goût de nouveauté. Gel et givre, recouvrent collines et montagnes s’enivrant d’un air pur, éthéré. La neige est espérée, la nudité dissimulerait sous le manteau épais des flocons spongieux qui nous piqueraient les yeux. Il faudrait monter plus-haut, là où le ciel s’apprivoise et se laisse effleurer du bout du regard. Là, où tout est a pic, à flanc de falaises sauvages, inoccupées et vierges de sérénité, de toutes traces immaculées. Les chamois, les avalanches, les sapins et les rivières gelées, sont autant de beauté en perspective, prestige et panache de l’endurance d’un climat qui bat la mesure des gerçures, c’est le songe d’un jour d’hiver, une oraison à la saison d’un froid qui nous irradie et nous engourdie d'un charme garanti.
fin
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Songe d'un jour d'hiver
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Suite...
Je vous demanderais presque d'excuser cette mise à nue, en cette période de "fêtes", qui pour moi n'en sont pas...Bientôt ce serait Noël, mon Papa avec nous. Son cadeau, « Habit rouge » de Guerlain, (Il l'utilise depuis plus de quarante ans), venait d’arriver par la poste. Je détestais m’attarder dans les magasins, pendant cette période de l’année. Trop de monde, se pressant comme un troupeau de moutons, presque bestialement, avide d’achats. Ce n’était pas les magasins de jouets qui me posaient problème, puisque je n’y allais pas. Autour de moi, pas d’enfants à qui faire de cadeaux ; ce n’était pas la période que j’affectionnais le plus. Mes grands- parents n’étaient plus là, de déscendants, je n’avais pas, alors Noël ne faisait qu’accentuer gravement la manque de leur absence. Cette année, encore d’avantage, puisque Mamie venait de nous quitter. Même si je la rêvais toutes les nuits. Ma mère passait ces fêtes comme elle le devait, avec « sa » famille, qui n’était pas la mienne. Empreinte de franchise, les enfants et petits-enfants de mon beau-père, ne faisaient pas partie de ma famille à moi ; mon mari, mon père, mes animaux, voilà les êtres que je chérissais car ils étaient les seuls à me rendre l’amour que je leur portais. Je n’intéressais pas les autres membres de ma famille, et, le temps passant, ne faisait qu’aggraver la situation. Il était certain que cela me faisait mal, mon cœur subissait cela, mais jamais je ne m’aventurerai à jouer de rôle. Je l’avais fait, et, cela n’avait abouti à rien de bon. J’avais parfois la douloureuse impression que l’on m’appelait que lorsque les gens en éprouvaient le besoin. Ma mère n’était pas exclue ; quand elle cherchait une oreille attentive à l’écoute de ses pleurs, à la litanie de ses malheurs, elle savait me trouver. Dès qu’il était question d’une éventuelle nécessité à laquelle je pouvais répondre, on me téléphonait. Mais jamais pour Noël, je n’existais plus, je sortais de leur vie. Vous dire que je m’y étais habituée, aurait été mentir, et vous savez combien je déteste le mensonge. La vérité seule m’apportait l’équilibre dont j’avais besoin, peu importe ce que cela entrainerait, cela m’était égal. Je ne me fourvoierai pas, pas plus que je ne me parjurerai, pour rien au monde. Je ne l’avais que trop fait durant mes années de toxicomanie, je mettais désormais un point d’honneur à n’exprimer que ce que j’estimais être la vérité. La vérité vraie. Pas celle qui fait plaisir à écrire ou à entendre, l’unique vérité que je détenais. Et je n’avais rien oublié, on oublie jamais son enfance, puisque c’est le départ de toute une vie…
Le téléphone venait de sonner, c’était elle, ma chère mère…Celle qui se prenait pour une sainte depuis quelques années !
Elle avait perdu la mémoire, ne se souvenait en rien de tout ce qu’elle m’avait fait subir durant mon enfance. Lorsqu’elle m’interdisait de l’appeler maman, lors de ses répétitions de chanteuse d’orchestre, ce qu’elle était, et qu’elle voulait toujours être, par ailleurs. Elle reconnaît qu’elle n’était pas faite pour être mère, bigre, je ne lui avais rien demandé ! Elle ne se souvenait plus des fois où, armée de jumelles, elle allait espionner son amant de l’époque, accompagnée par sa meilleure amie, puisqu’elle-même n’avait pas de permis de conduire, nous nous rendions donc toutes les trois, (là, j’avais le droit de participer, ma grand-mère n’aurait pas compris qu’elle me laissât à la maison), du haut de mes huit ans, à l’arrière de la Renault Quatre ailes, dans les quartiers nord de Marseille, dans les recoins de la cité où son cher et tendre habitait avec femme et enfant. Elle guettait sa présence ou inversement, son absence, savoir si il lui mentait ou pas, s’il roucoulait auprès de sa femme, comble de bêtise !
Non, tout cela avait quitté son esprit, à moins que la maladie d’Alzheimer … Mais alors, peut-être que cela me guettait à moi aussi ?!!! Vite, je devais finir d’écrire ma vie, sait-on jamais, je prends les devants…
Mon mari me demandait si je voulais lui parler, je lui dis que non. Il ne me restait que ça, l’exemplarité d’une conscience sans faille, et personne ne me ferait déroger aux règles que je m’étais fixées. J’étais croyante, et avoir la foi signifiait pour moi, être d’une sincérité infaillible. Je ne déblatérais pas, je ne faisais que relater les faits, tout au moins, une partie, celle qui fait qu’un jour durant l’année de vos dix sept ans, vous sous laissez shooter à l’héroïne ,par une fille se prétendant être votre meilleure amie, la belle affaire ! Ce n’est que le début, la suite sera beaucoup plus festive, cocaïne oblige; les discothèques, Jean-Roch et la Scala à Toulon, le Mirador aux Lecques, le Cancan à Marseille, les Bains-Douches à Paris, Régine et le Papagayo à Saint-Tropez, ou le Jimmy"s à Monaco, la Mendigote à Cannes… La sensation d’être la reine de la nuit, la reine de la bêtise, pour rester polie, ça oui ! Vous trouverez peut-être cela banal, ça ne l'est pas puiqu'il s'agit de l'histoire d'une non-vie, rattrapée au vol...
Pourquoi n’aurais-je pas ce droit, le droit d’expliquer, ne serait-ce qu’à moi-même, le pourquoi d’une aussi grave autodestruction. Le pourquoi je n’avais pas d’enfant, le pourquoi d’une aussi forte tristesse durant ces fêtes de fin d’année ? Je m’octroyais ce droit, à écriture déployée. Je me savais malade, et il ne me restait que la littérature pour une vie qui valût la peine d’être vécu. Si vous saviez combien je l’aimais ma mère, combien je l’idolâtrais, et combien à ce jour je peux encore l’aimer. Quand j’aime quelqu’un, c’est pour la vie, je suis faite ainsi.
Est-ce un bien ou un mal, je ne saurais le dire, mais ce que je sais, est le mal que l’on m’a fait, peut-être sans le vouloir, mais les plaies saigneront toujours, pas de cicatrisation en vue, la preuve est devant vos yeux.
Peut-être que lorsque j’aurais terminé les explications manquantes au déroulement de mon existence, alors, je me sentirai libérée…Peut-être, moi, l’écorchée.