Exposition au musée d'Orsay sur" L''Ange du bizarre" ( jusqu'au 9 juin)
étrange
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"Le Visionnaire" 1904 Serafino Macchiati
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"Défets" sur mon lit...
État normal certifié :
Un jour je reviendrai à la vie, quand je mourrai. Cette phrase me plait. Elle me va comme un gant de soie recouvrant une main de velours. Allez comprendre. Tout et son contraire font de moi ce qu’ils veulent, et ils en veulent des choses. Des belles, des jolies choses. Celles qui méritent qu’on les écrivent, celles qui méritent d’être lues. Prétention ? Aucune. Amour de l’Autre, beaucoup. La nuit m’avait pris dans ses quartiers de lune et je jouais du stylo comme d’autres du violoncelle.
Les oxymores lumineux dévorent le papier comme un Gargantua. Les mots prennent feu, et font de jolies flammes de joie dans lesquelles je ne brûle jamais. La reprise du verbe, silencieux mais volontaire serait plus joyeux qu’éphémère. Mais quoi qu’il en soit, un jour je reviendrai à la vie, quand je mourrai. C’était ainsi que se profilaient mes jours. Je mourrai de sagesse et non pas de tristesse. J’avais baigné dedans toute ma vie, alors je ne pouvais que m’égayer dans l’au-delà, l’eau de là, l’eau d’ici, l’eau sacrée dans laquelle je trempe mes yeux, délavés de larmes, et, de plus en plus clairs à mesure que le jour s’en va. Avide d’obscurités, tempête dans ma tête. Vision de bonheur, de bonne heure, se profilant à l’horizontale, se terminant à la verticale. Le monde était fou et j’étais son actrice autarcique. Sur le pôle nord de mes nuits blanches, océane marine, ne cherchant pas la rime. Elle se jette du haut de ses certitudes la rime, elle sent la frime la rime. Alors, je l’oublie, mais c’est elle qui revient, sûre d’elle, s’immiscer entre mes mots. Ainsi soit-il. L’essentiel est qu’ils respirent, ponctuation oblige. Netteté dans le fond mais aussi dans la forme. Le vrai plaisir, c’est le stylo, lorsqu’il patine sur le papier, qu’il vous emmène là où vous ne savez pas. Magie de l’écriture. Adoration garantie de ce qui fait ma vie.
Tous les livres sont mes amis, romans, biographies, recueil de poésie, nouvelles, pas vraiment récentes, philosophie, histoire, théologie, voilà de quoi est rempli mon panier à commissions. (Retard sur les impayés.) De leurs palabres, de la tonalité qu’ils donnent à mes chansons. La musique est si belle quand on la regarde de face. Le lyrisme me tend les bras, je me love dans cette étrange traversée que représente la trame de leur portée. Je navigue en do bémol, et me noie dans le sol, trop profond pour moi.
L’écume est à mes pieds, comme le reflet lunaire jetant sa lumière sur les ondes claires. Variations autour des courants d’eaux. Torrents bouillonnants de bruits sauvages, comme l’amour, la passion, comme la vie qui fait des bonds.
Voici le rêve que je fis cette nuit… autour de moi l’alphabet se délite, et je remplis mes flacons de son eau bénite. Magique.
Merci à la douce folie dont je m’asperge cette nuit. Que jamais ne cesse cette ode à la rêverie. Que jamais ne se referment les portes du paradis… Béni.
L’inutile peut tout se permettre.