Photo Abbaye d'Aiguebelle
Valérie Bergmann
Comment as tu pu toi ma mère
Passer à coté de moi une vie entière
Passer à coté de moi sans en avoir l’air ?
Comment as tu pu toi ma mère
Ne jamais plonger tes yeux dans les miens
De peur de te noyer dans mon chagrin
Tu as banni de tes nuits le chemin de mes jours
Comment as tu fait toi qui me mis au monde
Ignorer mon enfance si riche et si profonde
Comment as tu fais toi qui m’a créée le premier jour de juin
Oublier d’être mon printemps, oublier d’être ma maman
Préférant ta vie de femme
A ce qui était mon âme
Comment as tu pu toi qui me fit naitre
Ne pas entendre le tonnerre gronder
Et mes orages dans l’air et me laisser tomber
Comment as tu fait pour ne rien voir de tout ce désespoir
Pourquoi m’as tu laisser choir
Quand dans ma vie il fit si noir
Jusqu’à ce je m’enflamme pour n’y laisser que la moitié de moi
Comment as tu fait pour ne pas t’épancher sur tout ça
Toi la chair de ma chair
Le sang de mon sang
Le mien est désormais impur et jamais
ô grand jamais je te le jure
Tu n’as su panser les plaies ni les blessures
De cette fille écorchée par tes mots condamnée
A la peine à perpétuité
Toi, que je chérissais naguère
Qu’as tu fais de mes misères
Par quelques présents tu croyais remplacer l’amour du passé
Celui qui bâtit le futur par des bras toujours entrouverts et des mots ordinaires
Mais qu’as tu fais de cette présence
Si douloureusement absente
Qui fait qu’aujourd’hui, à l’automne de ma vie je ne te dis pas merci
Pas plus que je ne te souhaite ta fête
Celle que trop longtemps je célébrais avec fierté
Le cœur plein d’amour mais l’âme isolée
Je te dis Adieu les larmes dans les yeux
Je te dis Adieu mon cœur est trop lourd
J’ai fait une croix sur cet amour
Dont tu me privas toutes ces années
Aujourd’hui mes espoirs font des ravages
Mais mon cœur d’enfant est hors d’usage.